Le coup de pouce au Smic sera light. Le ministre du Travail Michel Sapin a annoncé mardi que le salaire minimum augmentera de 2%, dès juillet au lieu de la hausse, soit un coup de pouce de 0,6% plus 1,4% issu de l'inflation.
Les réactions ne se sont fait pas attendre : les syndicats sont "déçus", le patronat évoque une hausse "raisonnable". Mais tous restent dans l'attente de la grande conférence sociale de début juillet, lors de laquelle sera entre-autres abordée la question de l'indexation du Smic sur la croissance.
• Au Medef, on adhère plutôt
Parisot, satisfaite pour les entreprises ET les salariés. "Une augmentation de 2% aura peu d'incidence sur l'emploi et la création d'emplois", a reconnu Laurence Parisot, la présidente du Medef. Mieux, elle a même plutôt défendu la hausse. "Cette décision permet aux salariés qui reçoivent le Smic d'avoir un peu plus que la simple augmentation liée aux critères économiques de l'inflation, a-t-elle réagi. Le gouvernement témoigne qu'il a intégré la réalité de l'économie d'aujourd'hui et l'objectif premier qui est l'emploi, l'emploi et l'emploi."
Vasselin, "s'incline par respect de la démocratie". "C'est une augmentation qui ne va pas dans le sens que nous préconisions mais c'est une hausse raisonnable", a estimé Benoît Roger-Vasselin, président de la commission sociale du Medef. Mais il n'est pas non plus totalement conquis : "la seule chose qui nous préoccupe c'est l'impact sur l'emploi, mais nous nous inclinons devant cette décision, c'est le respect de la démocratie."
• Les PME inquiètes
Risque de perte de "dizaines de milliers d'emploi" pour la CGPME. L'annonce n'a pas convaincu tous les patrons. Les représentants des petites et moyennes entreprises (CGPME) se sont en effet inquiétés des "conséquences économiques négatives" pour les entreprises, et du risque de "destruction" de "dizaines de milliers" d'emplois. Et pour cause, ils sont les plus concernés : c'est dans les entreprises de moins de 10 salariés que les salariés au Smic sont les plus nombreux, soit environ 1 sur 4.
• La CGT y voit un "très mauvais signe"
"Sûrement pas un coup de pouce", pour Bernard Thibault. "C'est la déception qui domine. Cette hausse est très insuffisante, par rapport à nos attentes, mais aussi à celles des salariés. Un sur deux gagne moins de 1600 euros par mois, alors pour eux cette décision était très attendue. Mais là c'est la déception qui domine, c'est une mesure très en décalage avec l'espoir des salariés", a réagi sur RTL le numéro un de la CGT Bernard Thibault. Lui voit dans cette hausse une "mesure symbolique, ou politique, mais "sûrement pas un coup de pouce".
Paul Fourier : "à peine une baguette de pain par semaine". "Cette annonce est une très forte déception et c'est un très mauvais signe envoyé aux salariés qui se sont notamment exprimés en faveur de François Hollande, regrette le représentant de la CGT Paul Fourier, interrogé par l'AFP. Le chiffre qu'il faut retenir, c'est 0,6% et ça représente une baguette de pain par semaine".
Pour lui, l'argument du risque de perte de compétitivité, engendrée par une hausse du Smic, doit être balayé car "75% des salariés au Smic ne sont pas sur des secteurs exposés à la concurrence internationale". "On a l'impression qu'il y a eu ces derniers jours de fortes pressions du patronat", conclut le syndicaliste.
• " Frustration et mécontentement ", pour FO
Mauvais pour la croissance, selon Marie-Alice Medeuf-Andrieu. "Cette décision va engendrer frustration et mécontentement chez les salariés qui attendaient une mesure plus significative, a réagi Marie-Alice Medeuf-Andrieu, représentante de Force ouvrière. "C'est une déception, d'autant que nous sommes persuadés qu'une revalorisation significative permettrait de relancer la croissance". FO, a-t-elle ajouté, proposera à la conférence sociale de juillet de "revoir le calcul de revalorisation du Smic en introduisant un indice de mesure du pouvoir d'achat", plus juste, selon elle, que l'indice d'inflation "qui ne correspond pas au pouvoir d'achat".