La Société Générale "au bord du désastre" ? En quelques mots, le Daily Mail, un tabloïd britannique, a mis le feu aux poudres dans un article paru dimanche. Pourtant, ces allégations n’avaient rien de vrai, a admis le journal mercredi, publiant des excuses "sans réserve". Mais il était déjà trop tard : mercredi, la banque française a vu son titre chuter de plus de 14% avant de retrouver des couleurs jeudi, à +3,70%.
Dans son édition de dimanche, le Daily Mail décrivait une banque "en péril". Or, raconte Le Figaro, les auteurs de l’article se seraient inspirés d’une série… fictive publiée dans Le Monde pendant l’été. Douze épisodes au ton certes réaliste pour narrer un accord secret en Allemagne visant un retour au Deutsche Mark. Intitulée Terminus pour l'euro, la série relatait notamment les faillites de la Société Générale et du Crédit Agricole.
Des textes tellement réalistes que le Crédit agricole, inquiet pour sa réputation, a protesté auprès du quotidien du soir, qui a ensuite décidé d’accompagner les textes d’une mention prévenant le lecteur que les "faits et les chiffres rapportés dans cette fiction sont imaginaires". "C'est assez irresponsable de faire paraître quelque chose d'aussi proche de l'actualité", a estimé pour sa part une source bancaire qui juge "inutile de jeter de l'huile sur le feu" dans une période aussi tourmentée.
La banque nationalisée ?
Alarmées par l’article du journal britannique, les salles de marchés, prises dans un vent de panique, ont alors colporté la rumeur selon laquelle un plan de sauvetage de la Société Générale serait en préparation, avec à la clé une nationalisation. Sur Twitter, le Guardian, un quotidien britannique de référence, se demandait même mercredi si la SocGen ne s’acheminait pas vers un scénario à la Lehman Brothers…
Pour ne rien arranger, une autre rumeur circule sur les places boursières : la note souveraine de la France pourrait être dégradée. L’information a aussitôt été démentie, mais cela n'a pas suffit à calmer les marchés. L’annonce d’une réunion à Élysée a été mal interprétée par les traders et est venue entretenir le climat d’incertitude autour de l’état de santé des banques françaises. Résultat : la dégringolade a été spectaculaire pour toutes les banques françaises, mais encore plus pour la Société Générale.