• L'info. Le photovoltaïque traverse une crise sans précédent. En l'espace de trois jours, deux poids-lourds du secteur ont mis la clé sous la porte. Vendredi, l'Allemand Bosch a annoncé abandonner ses activités solaires. Son usine de Vénissieux, près de Lyon, reconvertie en fabrique de cellules photovoltaïques il y a tout juste deux ans, doit être vendue au plus offrant. "Nous avons conscience que c'est un mauvais moment pour les salariés. Nous allons, avec les représentants des salariés, tenter de trouver des solutions acceptables", a déclaré vendredi Stefan Hartung, patron de la division chez Bosch.
Et mercredi, c'était le Chinois Suntech, pourtant l'un des leaders mondiaux de l'énergie solaire, qui avait annoncé être dans l'incapacité de rembourser les 541 millions d'euros qu'il doit à ses créanciers.
• Une production très supérieure à la demande. Ces deux annonces confirment la crise que traverse depuis deux ans le secteur de l'énergie photovoltaïque. Entre 2010 et 2013, les experts estiment que le nombre d'acteurs a été divisé par cinq. Ce phénomène est essentiellement dû aux très importantes capacités de production, largement supérieures à la demande. Les fabricants chinois, leaders sur le secteur, sont capables de produire à eux seuls deux fois la demande mondiale. Et ils ne sont pas les seuls à assembler des panneaux solaires : Allemands, Américains, Français et d'autres encore ont eux aussi leurs usines. Aujourd'hui, beaucoup d'entre elles fonctionnent à moins de la moitié de leurs capacités.
• Chez Bosch, un milliard de pertes en 2012. Quand l'offre augmente trop vite, ce sont les prix qui trinquent. En l'espace de quelques années, le prix des cellules photovoltaïques s'est littéralement effondré. -45 % en 2011, encore -25 % en 2012, les tarifs ont diminué beaucoup trop rapidement pour pouvoir être absorbés par les entreprises. Et comme, dans le même temps, les gouvernements européens ont revu à la baisse les subventions pour l'installation de panneaux solaires, les pertes se sont accumulées chez les professionnels du secteur. Chez Bosch, l'usine de Vénissieux a ainsi dégagé en 2012 un déficit d'un milliard d'euros.
• Les Chinois à la peine. On pourrait croire que les pays où la main d'œuvre est bon marché s'en sortent mieux. Mais les Chinois ne sont pas non plus épargnés : depuis des années, Pékin subventionne ses propres fabricants pour les aider à s'imposer à l'étranger. Un dumping pointé du doigt par les Européens comme les Américains. Ces derniers ont d'ailleurs augmenté les droits de douane en octobre 2012 pour rééquilibrer la concurrence. Résultat, le gouvernement chinois a décidé de réduire ses aides, quitte à ce que les faillites se multiplient.