L'info. La Commission européenne a proposé mercredi des sanctions sévères contre les importations de panneaux solaires en provenance de Chine. A compter de cet été, les cellules photovoltaïques estampillées "made in China" se verront taxées à hauteur de 47 % en moyenne. "La procédure de consultation a été engagée", affirme une source au sein de la Commission, selon qui la décision définitive devrait avoir lieu le 5 juin prochain. A condition que les Etats membres la valident : en la matière, Bruxelles ne peut qu'émettre des propositions, à charge ensuite aux chefs d'Etat de décider s'ils les mettent en place.
Une bataille de longue date. Il s'agit de la dernière passe d'armes dans la bataille entre Européens et Chinois sur la question des panneaux solaires. En septembre dernier, Bruxelles a déclenché sa plus vaste enquête en date sur des pratiques anticoncurrentielles suite à une plainte du groupement d'entreprises européennes EU Pro Sun, qui accusait Pékin de financer massivement ses propres fabriques de panneaux solaires pour leur permettre d'être compétitives.
Les résultats ne sont pas encore connus (ils devraient être présentés fin 2013), mais la Chine n'a pas attendu pour riposter. Début novembre, elle a à son tour lancé une enquête afin d'établir si les produits photovoltaïques européens ne feraient pas elles aussi l'objet de subventions publiques indues.
21 milliards d'exportations chinoises. La Chine a fait de l'industrie solaire l'un de ses fers de lance en matière d'exportation : le pays, qui compte pas moins de 500 entreprises différentes, a exporté en 2011 un total de 21 milliards d'euros de panneaux solaires vers l'Union européenne. Un raz-de-marée qui affecte durement ses concurrents, américains ou européens. En l'espace de quelques années, le prix des cellules photovoltaïques s'est effondré : en 2011, il a diminué de 45 %, et en 2012, de 25 % supplémentaires.
Des usines européennes en faillite. Résultat, si les Chinois s'en sortent grâce à des coûts de fabrications très faibles -et, selon certains, l'argent du gouvernement-, les autres acteurs sont eux incapables de s'aligner et multiplient les pertes record. L'Allemand Bosch, notamment, qui avait inauguré il y a deux ans une usine ultra-moderne de cellules photovoltaïques à Vénissieux, près de Lyon, a jeté l'éponge fin mars, après avoir enregistré en 2012 un déficit record d'un milliard d'euros.
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Derrière lui, d'autres entreprises pourraient elles aussi mettre la clé sous la porte. Avec des conséquences significatives pour l'économie : rien qu'en France, le solaire représente 28.700 emplois, pour un chiffre d'affaires de plus de cinq milliards d'euros.
Paris et Berlin pour une solution politique avec la Chine. Les ministres allemand et français de l'Environnement ont, pour leur part, plaidé mercredi à Berlin en faveur d'une solution politique avec la Chine. "Il faut séparer la procédure judiciaire qui aboutira, dans un sens ou dans l'autre (...) et la deuxième chose qui est que nous cherchons évidemment une solution politique avec la Chine" sur ce sujet, a déclaré le ministre allemand Peter Altmaier, au cours d'un point de presse avec son homologue française Delphine Batho.