Après Wim Duisenberg et Jean-Claude Trichet, Mario Draghi va devenir mardi le troisième président de la Banque centrale européenne. L'Italien va devoir gérer les difficultés économiques, politiques et diplomatiques à l'heure de la crise.
Mais cela n'effraie pas Mario Draghi. "Nous vivons une discontinuité historique, nous allons vers un nouveau pacte européen", a-t-il ainsi déclaré mercredi lors de sa dernière intervention en qualité de gouverneur de la Banque d'Italie.
Son arrivée au 35e étage du siège de l'Eurotower, le siège de la Banque centrale europénne, à Francfort s'inscrit dans la continuité de sa brillante carrière.
Un point noir : son passage chez Goldman Sachs
Fils d'un cadre de banque, Mario Draghi n'a cessé d'exercer à des postes à responsabilités, à la Banque mondiale, à la direction du Trésor, à la Banque d'Italie ou encore au Conseil de stabilité financière. Une succession impressionnante qui lui vaut un surnom : "Super Mario".
Seule ombre au tableau : son passage chez Goldman Sachs entre 2002 et 2005. A cette l'époque, la banque américaine a aidé la Grèce à maquiller ses comptes pour adhérer à la monnaie unique.
Mario Draghi se défend en faisant valoir ses dates d'entrée et de sortie chez Goldman Sachs. Il affirme qu'étant entré en 2002, deux ans après le début de l'opération, il n'y a pas participé. Quant à sa sortie, l'intéressé rappelle qu'il a démissionné en 2005, soit un an avant que l'on se rende compte de la supercherie.
L'opposé de Silvio Berlusconi
La vie personnelle et professionnelle de Mario Draghi reste toutefois rectiligne. Marié depuis quarante ans à la même femme, le nouvel homme fort de la gestion économique européenne a deux enfants, et un petit enfant.
Réputé pour sa discrétion, son sérieux, sa détermination et son peu d'intérêt pour les mondanités, il incarne typiquement l'opposé de Silvio Berlusconi, le président du Conseil italien, épinglé dans plusieurs affaires et véritablement impuissant à relever le pays de ses difficultés.
Economiste et banquier reconnu dans son pays, "Super Mario" a acquis une réputation européenne lors de son passage à la tête de la Banque d'Italie. Durant son mandat, il l'a redressé l'institution et renforcé la solidité du système bancaire italien.
"Le sauvetage ne peut venir que des Italiens eux-mêmes"
Sceptiques et opposés à l'idée de voir un inconnu italien prendre la tête de la BCE, même les Allemands se sont résolus à accepter la promotion de Mario Draghi. Représentant du troisième pays de la zone euro, grandement fragilisé par la crise, "Super Mario" n'a pas particulièrement l'intention de jouer la solidarité italienne.
Le 16 octobre, lors de l'une de ses dernières déclarations publiques, il prévenait : "il est très important que tous soient convaincus que le sauvetage et la relance de l'économie italienne ne peuvent venir que des Italiens eux-mêmes. Nous avons une tendance atavique à croire que nos problèmes seront résolus par d'autres".