Microsoft contre-attaque sur le marché des tablettes. Le géant des logiciels a officialisé lundi soir son incursion sur ce segment en présentant à Los Angeles une tablette baptisée Surface. L’objectif est clair : tenter de rivaliser avec Apple qui règne en maître sur ce marché avec son incontournable iPad et ses 40 millions d’exemplaires vendus à travers le monde en 2011.
Depuis dix ans, Microsoft a déjà tenté, sans succès, quelques percées sur le terrain des tablettes. La firme de Redmond a ainsi proposé la Tablet PC en 2002 ou travaillé sur le projet avorté Origami en 2005-2006. Son dernier essai, déjà baptisé Surface, date de 2007. Trop ambitieux et trop cher, il s’était soldé par un échec commercial.
La nouvelle tablette, présentée lundi, possède une épaisseur de 9,3 millimètres pour un poids de 676 grammes. Dotée d'un écran haute-définition de 26,9 centimètres (10,6 pouces), elle sera disponible avec 32 ou 64 gigabits de mémoire. "Surface est un PC. Surface est une tablette. Et Surface est quelque chose de nouveau que les gens vont vraiment adorer", a scandé lundi lors de sa présentation Steve Ballmer le DG de Microsoft.
Microsoft doit s’adapter aux mutations des pratiques
Aujourd’hui, Microsoft n’a plus le choix et doit s’adapter aux nouvelles pratiques. "Depuis, deux ou trois ans, nous sommes entrés dans une nouvelle ère", explique Thierry Derouet, du site 01Net.com, interrogé par Europe1.fr. "L’utilisateur s’est déplacé d’une informatique classique à une informatique nomade, avec la généralisation de l’utilisation de smartphones ou de tablettes", raconte-t-il.
La tablette Surface, dont les deux versions ont été présentées lundi, s'adresse aussi aux utilisateurs professionnels. Avec un argument fort : son clavier adaptable permet de faire de Surface un produit hybride entre la tablette et le PC portable. "Derrière cela, il y a l’idée de toucher une population habituée à l’environnement Windows et d’inciter les utilisateurs professionnels à remplacer leur ordinateur portable classique par cette nouvelle tablette", assure Stéphane Larcher, rédacteur en chef du site L'Informaticien.
Des atouts à faire valoir
Les atouts de Microsoft pour venir titiller la suprématie de son rival historique de Cupertino sont bien réels. "La tablette Surface présente une connectique élaborée, des ports USB, un environnement Windows et tout un système d’application bien connus du grand public", souligne Stéphane Larcher.
De plus, dans sa bataille face à Apple, Microsoft peut se prévaloir de la réputation de Windows, son célèbre système d’exploitation dont la nouvelle version, Windows 8, prévue à la fin de l’année 2012, accompagnera la sortie de la tablette Surface. "Il y a un affect formidable vis-à-vis de la marque Windows", note Thierry Derouet, du site 01Net.com. Selon ce spécialiste, "les consommateurs sont plus nombreux dans le camp de Microsoft que dans celui d’Apple".
La firme de Redmond bouleverse son éco-système habituel
Le géant américain a bâti son empire sur les ventes de logiciels avec des produits phares comme la suite Office ou ses systèmes d’exploitation Windows qui équipent les PC. "Avec sa tablette Surface, le premier enjeu pour Microsoft est donc de rattraper son retard" sur le marché des matériels, assure Stéphane Larcher. "C'est un enjeu considérable, gigantesque", ajoute-t-il.
Le pari est toutefois loin d’être gagné pour Microsoft. Car, en s’incrustant de la sorte sur le marché des tablettes, l’entreprise fondée par Bill Gates, en 1975, bouleverse son éco-système habituel. Et s’expose à des réactions hostiles de la part des fabricants de matériels, tels Samsung, Toshiba ou Sony, ses partenaires de longues dates qui pourraient voir d’un mauvais œil l’arrivée d’un nouveau concurrent.
Microsoft doit également montrer que les leçons de récents flops retentissants ont été tirées. Sorti en 2006, son baladeur Zune n'avait jamais pu s'imposer face à l'iPod d'Apple. Son téléphone portable Kin, destiné à contrer l’iPhone, avait lui été arrêté seulement deux mois après sa sortie à l’été 2010. Avec sa tablette Surface, la firme de Redmond abat donc une carte importante. Et Stéphane Larcher de prévenir : "Microsoft n’a plus le droit à l’erreur".