"Le chiffre de 500.000 foyers est tout à fait plausible" : Alain Méar, membre du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), a reconnu, mercredi, lors d'une audition devant les députés (voir l’intégralité de l’audition en vidéo sur le site internet de l’Assemblée nationale), qu’un demi-million de foyers pourraient se retrouver sans télévision, lors du basculement total à la télévision numérique terrestre (TNT), en 2011.
Cette estimation est la plus optimiste parmi différentes hypothèses retenues par les acteurs du passage au "tout numérique" : 1,3 millions de foyers pourraient être touchés, ont en effet affirmé des parlementaires, lors de cette audition de plusieurs responsables du CSA, citant des chiffres établis par TDF, principal diffuseur de télévision en France, et opérateur technique du basculement au tout numérique.
Joint par europe1.fr, TDF affirme "ne pas commenter" ces chiffres, sans les démentir. Dans le cadre du passage au numérique, le CSA a prévu "1.626 zones de diffusions" pour la TNT ; TDF, qui gère actuellement 3.300 émetteurs pour la télévision analogique a affirmé dans La Tribune, le 19 septembre, que le programme retenu par le CSA devait être complété par "400 à 500 émetteurs TNT" supplémentaires "par rapport à ceux demandés par le CSA" - voir un résumé de l’article.
Après une réunion sur le basculement vers la TNT, le premier ministre François Fillon a annoncé la mise en place d'un fonds pour aider les foyers situés dans les "zones d'ombre" de la TNT terrestre à s'équiper d'un système de réception satellite, sans toutefois préciser le montant de ce fonds.
La loi encadrant le passage au numérique, qui prévoit un seuil de couverture de 95% de la population par la TNT au niveau national – et 91% au minimum dans chaque département -, est largement remise en question par ces différentes estimations.
Selon le député-maire d'Agen, Jean Dionis du Séjour (Nouveau centre), le taux de couverture dans le Lot-et-Garonne passerait de 91% en analogique à 79% avec la TNT. Chantal Robin-Rodrigo (SRC) affirme de son côté que 92% des foyers recevraient la TNT dans les Hautes-Pyrénées, alors que 99,6% reçoivent l'analogique actuellement.
Les réactions indignées se multiplient, à droite comme à gauche : "L'écran noir dans nos territoires, c'est inacceptable !", a affirmé François Brottes, député PS, lors de cette audition. "Il sera difficile d'expliquer à ceux qui ont la télévision aujourd'hui qu'ils ne l'auront pas demain", a renchéri Charles-Ange Ginesy (UMP).
Les inquiétudes des parlementaires ont d’ores et déjà entraîné la suspension de l'examen d'un texte sur la fracture numérique, le 6 octobre – un fait "tout à fait exceptionnel", a souligné Patrick Ollier, président (UMP) de la commission des affaires économiques. Ce texte devrait toutefois repasser en Commission le 4 novembre.