Le plan de redressement de PSA commence-t-il déjà à faire des vagues ? L'usine de sous-traitance automobile TRW va demander à être placée en redressement judiciaire, a-t-on appris lundi auprès de l'entreprise. Ce fabriquant de composants de train et suspensions pour automobiles de 313 salariés, implanté à Ramonchamp dans les Vosges, a pour principal client… Peugeot et Citroën.
"On ne peut pas lier avec la situation de PSA"
"Nous avons été confrontés à une situation économique de plus en plus difficile dans le secteur automobile, avec une très nette diminution des ventes observée dans un marché extrêmement concurrentiel", a indiqué le président de l'usine, Peter Engelhardt, qui fait état de 30 millions d'euros de pertes cumulées depuis trois ans.
Les salariés précisent toutefois que les problèmes du sous-traitant sont antérieurs à l'annonce de PSA, la semaine dernière. Le constructeur français va supprimer 8.000 postes et fermer son usine d'Aulnay-sous-Bois en 2014. "On ne peut pas vraiment lier la situation aux annonces de Peugeot, c'est un mouvement de fond, un marché qui va mal: PSA ne vient que prouver cela", a indiqué un porte-parole de l'entreprise.
"Risque considérable pour l'écosystème entrepreneurial"
Il n'empêche, les sous-traitants de la filière automobile se préparent à une onde de choc. "L'annonce de PSA fait peser un risque considérable sur l'ensemble de l'écosystème entrepreneurial qui l'entoure, s'inquiétait vendredi Guillaume Cairou, président du Club des entrepreneurs dans un communiqué publié après les annonces de PSA. Il y a un risque d'effondrement de l'activité impactant 25.000 emplois au moins dans l'ensemble des PME déjà fragilisées par l'instabilité fiscale."
Et il y a de quoi être inquiet : 60% des composants d'une voiture produite en France par PSA sont achetés dans l'Hexagone et, pour chaque ouvrier d'une usine automobile, il y a deux ou trois salariés sous traitants.
"Si on prend une usine, on peut considérer que pour un emploi dans l'usine il y a 2 à 3 emplois induits", rappelle l'analyste Carlos Da Silva, de IHS Automotive, qui ajoute que le secteur fait déjà face à un "marché déprimé". En France, la sous-traitance auto employait fin 2011 plus de 85.000 personnes, selon la Fédération des industries des équipements pour Véhicules (Fiev).
Toute la filière fixée le 25 juillet
"Nous avons aujourd'hui sur la carte de France de nombreuses difficultés dans la sous-traitance de rang 2 qui nous préoccupe", confiait déjà la semaine dernière le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg. Les sous-traitants de rang 2 sont ceux qui livrent les sous-traitants de rang 1, qui livrent directement les constructeurs. Un fabricant de siège est par exemple de rang 1, celui qui en fabrique la mousse de rang 2.
L'usine PSA de Rennes emploie par exemple 5.600 personnes, mais induit directement et indirectement quelque 17.000 emplois dans toute la région bretonne. La fermeture de l'usine d'Aulnay, qui emploie de son côté 3.000 personnes, pourrait mettre en péril indirectement plus de 7.000 emplois dans les services et le commerce dans tout le département de Seine-Saint-Denis, a estimé vendredi la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME), cité par Les Echos.
Mais tous ne sont pas logés à la même enseigne. "D’une part, il y a les entreprises sous-traitantes de premier rang. Ce qui les touche avant tout, c’est la crise économique qui induit une baisse de l’activité, décrypte pour Libération Jean-Lou Blachier, président de la Confédération générale des PME en Seine-Saint-Denis. Mais il y a aussi des entreprises directement liées à l’activité locale : par exemple celles qui s’occupent du nettoyage, de la maintenance, de la restauration... Celles-ci seront extrêmement touchées."
Faut-il les aider davantage ? Dans son plan de restructuration de la filière auto, selon les informations d'Europe1, le gouvernement prévoirait une aide ciblée pour les sous-traitants. Mais ce dernier est confidentiel jusqu'au 25 juillet, date de son annonce par Arnaud Montebourg. On ne saura rien jusque là.