Vers la fin du blocage. L'intersyndicale des taxis "met fin au mouvement" de grève lancé lundi, a indiqué jeudi en milieu d'après-midi l'un de ses représentants. "Nous appelons à la levée de tous les blocages et mettons fin à notre mouvement", a déclaré Nordine Dahmane (FO-taxis) en saluant une "décision courageuse et sage" qui va permettre de "travailler dans un esprit serein" pour que taxis et VTC puissent "se compléter". Ce qui a permis de débloquer la situation : la promesse de Matignon d'un gel des immatriculations des voitures de tourisme avec chauffeur (VTC) jusqu'à la fin de la médiation lancée pour dénouer le conflit.
Ce que le gouvernement a promis. Le gouvernement a décidé de "reporter" les réunions de la Commission d'immatriculation des véhicules de tourisme avec chauffeur. Dans le même temps, selon Matignon, "les contrôles, en particulier ceux opérés par les services du ministère de l'Intérieur, sont immédiatement renforcés". Ces contrôles "portent notamment sur l'utilisation des couloirs de bus à Paris, sur le non-stationnement des VTC aux abords des gares et des aéroports, et sur le respect du principe de la réservation préalable par les VTC", poursuit le communiqué.
Les VTC applaudissent. Pourtant mis en difficulté par la situation, l'ensemble des patrons d'entreprises de VTC a salué l'initiative du gouvernement. "C'est une excellente chose, je suis pour l'apaisement", a expliqué Yanis Kiansky, le co-fondateur de Allocab. "Le gouvernement a déclaré qu'il voulait apaiser les tensions et s'est donné deux mois pour le faire, il faut lui donner sa chance", a ajouté Benjamin Cardoso, directeur de la société Le Cab. "Le report des immatriculations par le gouvernement est une bonne chose, si tant est qu'il soit temporaire", a de son côté prévenu le cofondateur de Chauffeur-Privé, Yan Hascoet.
Où en est la médiation justement ? Le médiateur, le député PS Thomas Thévenoud, a rencontré une nouvelle fois jeudi les représentants des taxis et ceux des VTC. "Face aux dysfonctionnements issus de la loi du 22 juillet 2009, ces consultations doivent permettre dans les deux mois de définir des règles du jeu nouvelles pour une concurrence équilibrée, au bénéfice des professionnels, des usagers et de l'emploi", a encore souligné Matignon.
Ayrault le pompier. Interrogé jeudi matin au micro d'Europe 1, Jean-Marc Ayrault avait affirmé qu'il ne céderai pas "aux violences" des taxis et qu'il prendrait une décision dans la journée. "J'attend les préconisations du médiateur, a détaillé le Premier ministre. L'objectif, c'est d'une part de régler la distorsion de concurrence, mais aussi d'améliorer le service aux usagers parce qu'on sait bien qu'il y a des problèmes pour avoir un taxi aujourd'hui à Paris".
"Simplement, il y a un problème qu'on m'a légué, excusez-moi j'en ai plein comme ça que le précédent gouvernement n'avait pas voulu régler", a ajouté Jean-Marc Ayrault.
En grève depuis lundi. En début de semaine, les taxis s'étaient mis en grève pour protester contre la concurrence, jugée selon eux "déloyale", que leur fait les VTC. Mardi matin, ils avaient bloqué le périphérique parisien pendant quelques heures. Mercredi, un mission de conciliation avait été créée.
Longtemps protégés, les taxis dénoncent la "concurrence déloyale" des sociétés de VTC, qui se sont multipliées depuis un assouplissement de la législation en 2009. Les VTC ne peuvent travailler que sur réservation, mais les taxis les accusent de prendre des clients à la volée. Ils réclament également l'interdiction des applications de réservation de VTC sur smartphone, un délai de réservation minimum de 30 minutes et des courses d'un montant de 60 euros a minima.
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