Transition énergétique : la France peut-elle rouler électrique ?

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Alexis Toulon , modifié à
ACCU - Le texte présenté par Ségolène Royal fait la part belle aux voitures électriques. Mais est-ce réaliste à moyen terme ?

Croissance verte. Ségolène Royal a présenté mercredi le projet de loi sur la transition énergétique. Entre volonté de réduire la facture énergétique et celle d’améliorer la qualité de vie des Français par la croissance verte. Pour y parvenir, le gouvernement veut révolutionner les transports et souhaite "donner à tous les Français l’accès à un véhicule électrique". L’objectif est d’atteindre deux millions de véhicules en circulation à l’horizon 2020, contre 25.000 actuellement. Mais ce changement radical de mode de circulation est-il réaliste ?

Les voitures électriques sont écologiques. En effet, si la voiture électrique n’a pas d’impact sur l’environnement, du moins en termes d’émissions de gaz à effet de serre, elle n’est pas pour autant totalement neutre. Sa production, et notamment la fabrication de sa batterie, est polluante. L’accumulateur qui fera rouler le véhicule renferme des terres rares dont l’extraction est extrêmement polluante. De plus, la production électrique, qu’elle soit nucléaire ou renouvelable, n’est pas totalement neutre en carbone.   

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Deux millions de voitures ça consomme quoi ? Si le parc français atteint ses objectifs en terme de véhicules électriques, la consommation va automatiquement augmenter. Selon EDF, il faudrait "cinq à six TWh pour les faire rouler". Or, EDF a produit 541,5 TWh sur l’année 2012. Les voitures électriques représenteraient donc seulement 1% de la consommation totale française… si la production n’augmente pas. EDF est donc largement capable de fournir de l’électricité pour ce parc automobile de deux millions de voitures. Toutefois, si toutes les voitures se rechargeaient en même temps, un jour de grand froid à l’heure où les ménages font la cuisine, il y a fort à parier que le réseau ne supporterait pas la surchauffe.

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Une voiture électrique coûte cher. Actuellement, les ventes des voitures électriques sont freinées par leur prix. En effet, une voiture électrique coûte plus de 20.000 euros pour un Renault Zoé (hors location de la batterie) et près de 60.000 euros pour un modèle luxueux comme la Tesla. Afin d’y remédier, le gouvernement prévoit "que le bonus pour l’achat d’un véhicule électrique sera pérennisé et majoré lorsqu’il s’accompagnera de la mise au rebut d’un véhicule diesel". Ce cumul pourrait atteindre 10.000 euros, selon le texte.

Une voiture électrique doit être rechargée. Un des gros problèmes de la voiture électrique est son manque d’autonomie. Oubliez votre idée d’une virée de Paris à Marseille : une Zoé affiche 200 kilomètres d’autonomie, dans les faits plutôt 150. La plus grande autonomie revient à la Tesla Roadster avec presque 400 kilomètres, selon le constructeur. Il faut donc s’arrêter pour faire "le plein". Actuellement, il faut six heures pour recharger une Zoé sur "wallbox" (chargeur pour particulier), 1h30 sur une borne de recharge accélérée et 20 minutes sur une borne rapide. En heures creuses, un plein coûte environ deux euros, soit environ 1,5 euro pour cent kilomètres. Selon l’Insee un Français fait en moyenne 12.666 km par an. La facture pour rouler s’élève donc à 190 euros par an.

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Afin d’éviter que les voitures déchargées ne s’entassent le long de la route, le gouvernement prévoit d’installer sept millions de points de recharges, d’ici 2030. Les espaces de stationnement devront également s’équiper et les particuliers bénéficieront d’un avantage fiscal de 30%. Toutefois, le texte n’indique pas comment financer ces projets, ni le prix et les moyens de payer le chargement de deux millions de véhicules sur des bornes publiques. Actuellement, nombre de bornes sont gratuites. Toutefois, ce système n’est économiquement pas viable. Si deux millions de véhicules profitent des bornes gratuites, la facture s’élèvera à près de 380 millions d’euros. Et quelqu’un devra bien la payer.

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