L'info. Comme ils l'avaient annoncé, les quatorze magasins Castorama et Leroy Merlin d'Ile-de-France frappés d'une interdiction de travail dominical ont ouvert leurs portes dimanche matin, ont indiqué leurs porte-parole à l'AFP. Jeudi, le tribunal de commerce de Bobigny avait ordonné aux deux enseignes de bricolage de cesser d'ouvrir quinze magasins d'Ile-de-France le dimanche. "Il y a des magasins qui peuvent ouvrir tranquillement le dimanche et d'autres qui doivent demander des dérogations. Il serait bien que tout le monde soit logé à la même enseigne", a déploré une porte-parole de Castorama.
Un "imbroglio hallucinant". Devant cinq des six magasins Castorama visés par l'ordonnance (le sixième étant déjà fermé le dimanche) - soit Ballainvilliers, Fresnes, Créteil, Villetaneuse, Montgeron-Vigneux-sur-Seine et Villabé -, les salariés ont installé un petit bureau pour expliquer leur démarche aux clients et leur faire signer des pétitions. "Il est important que les clients fassent aussi entendre leur point de vue vis-à-vis des pouvoirs publics, et qu'ils disent combien il est important pour eux que les magasins soient ouverts, car c'est le weekend et le dimanche qu'on bricole", a souligné la porte-parole.
Dérogation. Du côté de Leroy Merlin, un porte-parole de direction dénonce également "l'imbroglio hallucinant" qui règne entre les différentes autorisations d'ouverture, à demander auprès des maires ou des préfectures. "Hier après-midi, pour l'un de nos magasins concernés par l'ordonnance de Bobigny, nous avons pourtant obtenu une dérogation" pour pouvoir l'ouvrir ce dimanche, a-t-il dénoncé, sans vouloir préciser de quel magasin il s'agissait.
"Inadmissible". Samedi, le ministre délégué à l’Économie sociale et solidaire, Benoît Hamon, a estimé que l'attitude de Leroy Merlin, déterminé à ouvrir ses magasins en Ile-de-France dimanche en dépit de la décision de justice était "inadmissible". "Qu'est ce que ça veut dire, que des entreprises appellent au non respect de la loi", s'est énervé le ministre. "Quand il y quelqu'un qui vole, chez Leroy Merlin, est-ce que la direction appelle à ce que la personne qui a volé soit relâchée et ne rembourse pas?", a-t-il fait valoir au micro d'Europe1. "Je demande le respect de la loi. Dire que l'on n'appliquera pas une décision de justice est insupportable", a-t-il martelé à Vieux Boucau, dans les Landes, où il participe aux universités de rentrée d'Un monde d'avance, son courant au sein du PS.
"Dialoguer" et "se concerter". La ministre du Commerce et de l'Artisanat Sylvia Pinel a annoncé l'organisation de réunions pour "dialoguer" et "se concerter" sur le travail du dimanche avec les acteurs concernés, dans un entretien au Journal du Dimanche. "Avec Michel Sapin, le ministre du Travail, nous avons évoqué la complexité de la législation issue de la loi Mallié de 2009. Nous avons hérité d'un mille-feuille réglementaire qu'il faut absolument clarifier, mais sans polémique", indique Sylvia Pinel."Il faudra donc organiser des réunions pour écouter et dialoguer avec les professionnels. Nous allons [...] nous concerter avec les professionnels pour avancer sur la question de l'ouverture du dimanche", a-t-elle souligné.
Dimanche au micro d'Europe 1, le président du Modem, François Bayrou, s'est dit "plus choqué" par l'interdiction faite au magasin de parfums Sephora d'ouvrir le soir sur les Champs-Elysées que par celle, signifiée aux enseignes de bricolage Leroy Merlin et Castorama, d'ouvrir le dimanche. "Le travail du dimanche est interdit pour l'instant par la loi, il est normal qu'on respecte la loi. Mais il y a des zones où les clients, les familles peuvent aller faire des courses le dimanche, ces zones-là doivent être respectées", a-t-il ainsi déclaré.