INTERVIEW E1 - "Nous avons à nouveau un problème grec, qui est grave, qui est très grave, mais qui n’est pas totalement dramatique", a déclaré Jean-Claude Trichet, ancien président de la Banque centrale européenne (BCE), mardi matin sur Europe 1. Et l'ex grand argentier de la zone euro d'ajouter que la Grèce ne peut à nouveau se défausser malgré ses difficultés. Car, à ses yeux, "ce qu’on appelle l’austérité, c’est simplement le retour à l’équilibre".
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La Grèce, un problème européen. Syriza, parti de la gauche radicale, est donné favori par les sondages pour les élections législatives du 25 janvier prochain. Ce qui inquiète le reste de l'Europe en raison de son intention d'arrêter de rembourser les intérêts de sa dette, voire la dette elle-même. "Dans son programme, il y a deux éléments qui sont très graves et il est normal que ceux-ci soient connus et signalés", a souligné l'ex-président de la BCE.
"Un, ils veulent faire payer l’ensemble des contribuables : les contribuables italiens, les contribuables espagnols, les Français, les Allemands, etc. Le débat n’existe qu’en Allemagne mais chaque contribuable européen a payé exactement la même chose lorsqu’il a fallu faire des prêts à la Grèce. Tous les pays, y compris ceux qui ont de très grandes difficultés, ont aidé les Grecs donc ce message donné aux autres Européens n’est pas du tout un message convenable", a précisé Jean-Claude Trichet. Avant de poursuivre : "deuxièmement, les coûts en Grèce – si le programme était appliqué – augmenteraient considérablement, ce qui veut dire que le chômage en Grèce augmenterait considérablement, ce qui veut dire que les Français, les Allemands et les autres Européens iraient moins en Grèce pour faire du tourisme ce qui est très mauvais pour la Grèce".
"Ce qu’on appelle l’austérité, c’est simplement le retour à l’équilibre". Si la Grèce est tentée de voter pour le parti Syriza, c'est parce que la population ne cesse de voir ses conditions de vie se dégrader sous le coup de la rigueur budgétaire. Un terme contesté par Jean-Claude Trichet, qui estime qu'il s'agit plutôt d'un retour à la normale. "Ce qu’on appelle l’austérité, c’est simplement le retour à l’équilibre. Les Grecs étaient, par mauvaise gestion répétée année après année depuis la création de l’euro jusqu’à fin 2009, dans une situation de déficits gigantesques et ils demandaient au reste du monde de financer leurs dépenses excessives. Ils sont revenus à un équilibre, il ne faut pas parler d’austérité en Grèce mais de retour à l’équilibre", a-t-il argumenté.