Après les annonces, il va falloir mettre les mains dans le cambouis de la machine européenne. Les ministres des Finances de la zone euro et d'autres pays de l'Union européenne doivent se réunir sous forme de conférence téléphonique lundi à partir de 16h. Avec une question en tête : comment appliquer dans les faits les mesures annoncées par les chefs d'Etat lors du dernier sommet européen sur la crise de la dette ? Un casse-tête en perspective.
L'objectif principal affiché de cette réunion technique sera d'avancer sur les contributions européennes envisagées au Fonds monétaire international (FMI). La zone euro et d'autres pays de l'UE ont assuré qu'ils allaient renflouer le FMI à hauteur de 200 milliards d'euros… afin que ce dernier puisse prêter en retour cet argent aux Etats en difficulté de la zone euro.
Les pays émergents encore frileux
Pourquoi alors ne pas prêter directement cet argent aux pays qui en ont besoin ? Le but de cette manœuvre est d'inciter les pays émergents à suivre l'exemple en participant aussi à la recapitalisation du FMI. Les Européens s'étaient donné dix jours pour fournir des précisions sur cette opération.
Cependant, pour l'instant, les avancées dans ce domaine restent minces voire inexistantes. "L'engagement européen n'a pas créé de dynamique chez les pays émergents en faveur d'une augmentation des ressources du FMI", a reconnu une source proche du dossier.
La Grande Bretagne isolée
De toute façon, il faut minimiser l'importance de cette réunion technique car, depuis la crise, les ministres des Finances ne décident plus de rien. D'autant qu'ils devront gérer une épine de taille : la Grande Bretagne, qui refuse de participer à ces prêts. "Nous n'avons pas pris d'engagement spécifique pour accroître les ressources du FMI. Nous avons été clairs (lors du dernier sommet européen) sur le fait que nous ne contribuerons pas à ces 200 milliards d'euros" de prêts, a ainsi confirmé un porte-parole du Premier ministre David Cameron.
Les Anglais, s'ils assisteront quand même aux échanges, ne veulent pas entendre parler des solutions préconisées par leurs partenaires européens pour sortir la zone euro de la crise. La Grande Bretagne souhaite notamment préserver les intérêts de la place boursière de Londres. Or, la City représente déjà 70 à 80% de la finance européenne. On voit pour l'instant mal comment les Européens pourraient s'en passer.
500 milliards pour le MES
Les discussions porteront également sur le Mécanisme européen de stabilité (MES), le fonds de renflouement permanent de 500 milliards d'euro qui doit entrer en fonction en juillet prochain. Les ministres évoqueront ainsi le nouveau système de majorité qualifiée qui doit remplacer la règle d'unanimité au sein du MES.
Enfin, les ministres des Finances devront accorder leurs violons concernant la discipline budgétaire renforcée, décidée au sommet de Bruxelles et qui prévoit des sanctions financières automatiques.