L’ "Hermès du vin" n’a pas tenu ses promesses. 1855.com était l’une des starts-up les plus prometteuses des années 2000. Le principe : proposer les plus grands crus sur Internet et les livrer directement chez le client. Une idée qui remporte l’adhésion d’investisseurs puissants comme Jean-Pierre Meyers, le gendre de Liliane Bettencourt. De quoi voir les choses en grand pour le PDG de l’entreprise, Emeric Sauty de Chalon, qui ambitionne alors de devenir "l’Hermès du vin". Et pourtant, l’entreprise est aujourd’hui placée en redressement judiciaire, et, selon les informations des Echos, le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire pour tromperie, escroquerie et abus de confiance. En cause, le succès de l’entreprise sur une arnaque bien connue des milieux financiers, moins dans le monde du vin : la pyramide de Ponzi, souvent rebaptisée "arnaque à la Madoff".
Stratégie du "zéro stock". 1855.com repose sur un modèle "en rupture", où les bénéfices sont assurés en minimisant la possibilité de conserver du stock inutilisé. Concrètement, cela signifie que 1855.com achetait les bouteilles seulement après avoir reçu commande. Un système de flux tendu conceptualisé par Toyota qui fonctionne bien dans le secteur automobile, un peu moins dans celui des grands crus. Les vins prestigieux étant par nature rares, il est parfois difficile de livrer à temps les bouteilles. Ajoutez à cela qu’avec le retard progressivement accumulé dans les livraisons, le prix des millésimes explose rapidement. 1855.com est donc obligé de vendre à perte. Et de financer les commandes en retard avec les achats des nouveaux clients. C’est exactement le système sur lequel Charles Ponzi s’est appuyé pour échafauder sa grande arnaque dans les années 20.
Plaintes de centaines de clients. Mais parallèlement, plusieurs clients portent plainte contre le site 1855.com. Si les oenophiles sont censés avoir le nez creux, ils se sont cassés les dents sur les offres proposées. Les grands crus commandés n’arrivaient en fait jamais chez leur destinataire. Devant la recrudescence des cas de non-livraison des commandes, le tribunal d’instance de Paris a d’abord infligé de lourdes amendes au site, jusqu’à 5.000 euros d’amendes par jour de retard. Grâce au soutien et à la crédibilité de ses actionnaires, 1855.com survit de longues années. Mais aujourd’hui, la facture est trop salée. Le mandataire social Stéphane Gorrias estime que l’entreprise doit débourser 6,8 millions pour rembourser ses clients.
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