C'est un chiffre symbolique. Mais qui fait froid dans le dos. La dette publique de la France s'est établie à 2.023,7 milliards d'euros à la fin du deuxième trimestre, dépassant pour la première fois la barre des 2.000 milliards. Rapportée à la richesse nationale, cette dette brute atteint 95,1% du Produit intérieur brut (PIB), soit 1,1 point de plus qu'au trimestre précédent, précise l'Insee dans un communiqué. Par rapport à la fin du premier trimestre, la dette publique brute a augmenté de 28,7 milliards d'euros.
L’État, principal responsable. Cette hausse est imputable à l’État, dont la contribution à la dette augmente de 35,2 milliards d'euros, du fait de sa dette négociable à long terme (+30,2 milliards), et, dans une moindre mesure, de celle à court terme (+3,1 milliards).
En revanche, celle des administrations de sécurité sociale diminue de 3,9 milliards d'euros. Les principaux mouvements viennent de la caisse d'amortissement de la dette sociale (Cades) qui se désendette de 3,2 milliards d'euros et, en sens inverse, de Pôle Emploi qui rembourse 2,1 milliards d'emprunts à court terme et de l'Unedic qui émet pour 2 milliards d'obligations, détaille l'Insee. Enfin, la dette des administrations publiques locales diminue de 1,6 milliard d'euros.
La dette a doublé entre 2002 et 2012. Dans ses dernières prévisions, le gouvernement tablait sur une dette publique à 95,1% du PIB seulement à la fin de l'année, mais ces prévisions n'ont pas été mises à jour après l'abaissement des estimations de croissance et le relèvement de celles concernant le déficit, le 10 septembre.
En 1974, la dette ne représentait encore que 12% du PIB. C'est entre 2002 et 2012 qu'elle a le plus augmenté, passant de 930 à 1.860 milliards d'euros, dont 600 milliards entre 2007 et 2012.
Est-ce grave ? Selon l'économiste Jacques Attali, invité mardi d'Europe 1, "c'est un peu comme si quelqu'un tombait d'un immeuble et disait, en passant devant le cinquième étage, 'pour l'instant tout va bien'. On en est là". "On peut se dire, ce n'est pas grave. Comme les taux d'intérêt baissent, on peut continuer d'emprunter. C'est moins contraignant que d'augmenter les impôts", analyse le spécialiste. "Mais en France, contrairement au Japon par exemple, l'Etat emprunte principalement à l'étranger. Nous sommes à la merci d'une décision qui ne nous appartient pas : l'augmentation des taux d'intérêt", poursuit-il. Et de conclure : "Il faudra faire des économies, mais cela ne suffira pas. Il faudra certainement créer les conditions de la croissance. Car quand on regarde l'histoire, il n'y a que trois façons de réduire la dette : la croissance, l'inflation, ou la guerre. La troisième, heureusement, n'est pas là. Mais les deux autres non plus.