La convalescence de l'économie se prolonge et la reprise devrait rester molle au premier semestre, prévient l'Insee dans sa note de conjoncture rendue publique vendredi matin. L'Institut national de la statistique, qui tablait précédemment sur une croissance de 0,4% au premier trimestre 2010, s'attend désormais à une hausse du produit intérieur brut (PIB) de seulement 0,2%. Elle maintient en revanche sa prévision de +0,3% au deuxième trimestre. Son indicateur mesurant le moral des ménages continuer de baisser, perdant 1 point par rapport à février.
Le moral des ménages a poursuivi en mars sa baisse entamée depuis le début de l'année, les Français se montrant surtout inquiets de la montée du chômage et des perspectives de niveau de vie, a annoncé l'Insee vendredi. L'indicateur mesurant le moral des ménages a perdu 1 point par rapport à février pour atteindre -34 points, après avoir déjà perdu trois points le mois dernier.
"Cette nouvelle baisse s'explique par la hausse des prix enregistrée en février, par un marché de l'emploi toujours déprimé, par l'érosion du pouvoir d'achat; elle est conforme au repli de la consommation observé en février", souligne Adèle Renaux, économiste chez Natixis. Les Français "ne croient plus dans l'hypothèse d'une reprise franche et massive de l'économie française", estime de son côté Alexander Law, du cabinet Xerfi.
Atonie de la consommation
La consommation des ménages, principal moteur de la croissance en France, est plombée par les faibles gains de pouvoir d'achat et la hausse du chômage. Il y a avait pourtant eu une bonne surprise au quatrième trimestre 2009 : plus 0,6% de croissance. Mais cette parenthèse était alimentée par la prime à la casse qui a boosté les ventes de voitures.
En ce début 2010, on retrouve la croissance laborieuse qui avait cours au printemps et à l'été dernier. Là encore, il y a l'effet automobile, mais dans l'autre sens. La baisse, le 1er janvier dernier, du barème de la prime à la casse a créé un contrecoup sur les ventes de voitures. La consommation toute entière s'en ressent. Même si la vague de froid du début de l'année a atténué le phénomène : les Français, en effet, ont consommé plus de fuel, de gaz ou d'électricité pour se chauffer.
Reprise hésitante de l’investissement
L'activité ne devrait pas davantage pouvoir compter sur ses autres moteurs. Le commerce extérieur souffrira du ralentissement du commerce mondial et de la demande adressée à la France. Quant à l'investissement des entreprises, il ne connaît qu'un redémarrage hésitant après avoir plongé de 7,7% en 2009.
Les capacités de production des entreprises françaises sont encore sous-utilisées et leurs carnets de commande se regarnissent lentement. Les destructions d'emplois devraient donc se poursuivre. même si c'est à un rythme plus lent que l'année dernière. Au premier semestre, le secteur marchand devrait perdre 80.000 emplois. Le chiffre d'inscrits à Pôle emploi en février, publié mercredi, subit une très légère hausse de 0,1% pour le mois de février 2010.