Utile le "choc de compétitivité" ?

La patronne du Medef, Laurence Parisot, prédit un "ouragan" sur les entreprises et réclame un choc de compétitivité.
La patronne du Medef, Laurence Parisot, prédit un "ouragan" sur les entreprises et réclame un choc de compétitivité. © REUTERS
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Laurence Parisot réclame une baisse drastique du coût travail. Une méthode qui reste risquée.

"Il y a dix ans, l'Allemagne était l'homme malade de l'Europe et si nous ne faisons rien, bientôt ce sera au tour de la France", s'est alarmée Laurence Parisot, lundi, dans une interview au Figaro. Selon la présidente du Medef, il faut "d'urgence un choc de compétitivité en France." Une déclaration qui intervient le jour du déplacement du Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, à l'Institut de recherche technologique (IRT) Jules-Verne, en Loire-Atlantique. Une visite perçue comme le début de la séquence gouvernementale sur la compétitivité.

Mais ce "choc" réclamé par la patronne des patrons est-il vraiment le bon remède ? Éléments de réponses.

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• Que propose Laurence Parisot? Pour la présidente du Medef, une baisse de charges des entreprises, salariales et patronales, à hauteur de 30 milliards d'euros apparaît comme "le minimum pour réduire l'écart avec l'Allemagne". Elle serait financée en augmentant "légèrement la CSG et la TVA hors produits de première nécessité." "Ce choc doit être court et se produire sur deux ans, trois ans maximum. Le décrochage de la France est trop sérieux, on ne peut étaler cette réforme sur toute la durée du quinquennat", détaille-t-elle encore.

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• Embaucher coûte-t-il trop cher? La France vient de franchir la barre des trois millions de chômeurs et frôle dangereusement la récession. Selon de nombreux dirigeants, sortir de ce marasme passe par un allégement des charges qui pèsent sur les entreprises, afin de les rendre plus compétitives et plus à même d'embaucher.

Selon Eurostat, le coût horaire du travail, en 2011, en France était 12% supérieur à celui de son voisin allemand, à 34,20 euros. Et la moyenne européenne se situe à 23,10 euros. Mais celle-ci masque de forts écarts, de 3,50 euros en Bulgarie à 38,60 euros au Danemark, avec 39,10 euros en Suède, ou encore, 39,30 euros en Belgique, qui a pourtant une croissance légèrement meilleure que la France et un taux de chômage à 7,4%, contre un poil moins de 10% pour l'Hexagone.

Reste que le coût du travail a connu un bond en France, entre 2001 et 2011 (+39,2%), alors que l'Allemagne observait la plus faible progression de toute l'UE (+19,4%), selon Destatis, l'office allemand de la statistique.

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• Est-il judicieux d'augmenter la TVA? Pour réduire les charges patronales sans creuser le déficit public, Laurence Parisot propose d'augmenter "légèrement la TVA". Cette taxe, prélevée à chaque achat, est la première source de recettes fiscales pour l'Etat. Une hausse d'un point rapporterait 6,5 milliards d'euros supplémentaires par an.

Mais une hausse de TVA n'est pas sans risque pour la croissance. L'expérience montre en effet qu'une hausse de cet impôt se répercute sur les prix en France. La dernière augmentation, en 1995, fut accompagnée d'une hausse des prix de 2,1%. Alors qu'ils n'avaient progressé que de 1,6% l'année précédente. Or une telle hausse est susceptible de faire baisser la consommation, premier facteur de croissance hexagonale. "Une entreprise qui n'a plus de demandes ni de marché n'embauchera pas. Tout choc sur le pouvoir d'achat serait antiéconomique", soutient ainsi Karine Berger, député socialiste et secrétaire nationale à l'économie au PS.

"Néanmoins, l'anticipation de l'entrée en vigueur de la hausse de la TVA entraîne généralement un sursaut de consommation", nuance quant à lui le site spécialisé L'Expansion.com. Par ailleurs, les chiffres de l'Insee montre que la consommation des ménages n'a cessé d'augmenter depuis 1980, y compris après la hausse de la TVA de 1995. Mais la France n'était pas en période de crise comme aujourd'hui. Tout dépendra du moral des Français, selon certains économistes : s'ils ont confiance en l'avenir, ils continueront de consommer.

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• Faut-il augmenter la CSG? Laurence Parisot appelle également à augmenter "légèrement" la CSG. Un point de CSG supplémentaire représente entre 10 et 13 milliards d'euros de recettes nouvelles. La CSG est un impôt à assiette large, qui touche tous les revenus, à des barèmes divers: revenus d'activité (taux de 7,5%), revenus du capital (8,2%), pensions de retraites et d'invalidité (6,6%), allocations chômage et maladie (6,2%), revenus du jeu (9,5%).

Or comme pour la hausse de la TVA, son augmentation risque de peser sur la consommation. "Augmenter la CSG en l'état actuel des choses, c'est grever le pouvoir d'achat, ça pèsera sur la croissance", estime ainsi Vincent Drezet, du SNUI (syndicat des impôts). C'est pour cette raison que FO, la CGT et le Front de gauche y sont, tout comme l'UMP, opposés. De plus, la CSG taxe en partie les revenus du capital, ce qui est susceptible de freiner les investissements.

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• Coût du travail, l'unique débat? Certains spécialistes, à l'image de Jean-Luc Gaffard, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques cité par FranceTV , estime que régler le seul problème du coût du travail en France ne suffit pas : "le problème est intra-européen. Les politiques d’austérité affaiblissent la demande et aggravent la crise."

"A long terme, l'enseignement et la recherche sont indispensables, mais à court terme, un choc d'offre - et donc une diminution du cout du travail - est le seul moyen de stimuler la compétitivité", et donc l'emploi, estime quant à lui l'économiste Elie Cohen.