Faudra-t-il l'appeler e-pétard, ou joint électronique ? Trois Français s'apprêtent à lancer, en France et dans plusieurs pays, une "vapoteuse au cannabis", en toute légalité, assure le site du magazine Vice. Présenté comme non nocif, et non euphorisant, le produit pourrait même avoir des vertus thérapeutiques. Il sera proposé en prévente sur leur site mardi.
Il n'y pas que du THC dans le cannabis. Petit cours de biologie : le cannabis est composé essentiellement de chanvre. Ce dernier contient du THC, qui lui donne ses effets psychotropes. Mais il contient aussi du CBD, une molécule dit "cannabinoïde", qui possède de nombreux usages thérapeutiques, et sert parfois d'anxiolytique et anti-douleur dans certains médicaments. Dans le "chanvre agricole", il n'y a même pratiquement pas de THC (moins de 0,2%).
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Du CBD dans la vapoteuse. Antonin Cohen et ses associés Sébastien Béguerie et Valentin Squirelo ont donc crée "KanaVape", une e-cigarette qui contient du CBD mais pas de THC, ou en très faible dose. "Nous ce qui nous motive, c'est de voir comment on peut aider des gens qui souffrent, qui ont des maladies graves, grâce à ces molécules de cannabinoïdes", explique Antonin Cohen à Vice.
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Un produit qui flirte avec la légalité. Si les trois entrepreneurs assurent avoir reçu l'autorisation des autorités françaises de mise sur le marché, le parcours de leur produit risque tout de même d'être semé d’embûches. "On a un produit qui est une drogue selon la loi française" (…) "Un tel produit, si le gouvernement fait son boulot, sera interdit dès sa sortie", tranche le professeur Bertrand Dautzenberg, interrogé par Europe 1.
En cause, selon ce pneumologue militant de la cause anti-tabac, la communication du groupe : "Ils revendiquent les effets bénéfiques tirés d'une drogue, sans citer aucune étude pour en attester". "Je pourrais avoir un autre jugement s'il y avait des études, mais la façon dont s'est présenté, c'est un outil de promotion du cannabis", estime le scientifique.
Un risque accru pour les ados. L'usage du cannabis "est une maladie de l'adolescent et du jeune adulte, le risque de sortir un produit de ce type est que les adolescents se l'approprient", renchérit le psychiatre et spécialiste des addictions Laurent Karila, de l'Hôpital universitaire Paul-Brousse, près de Paris.
Il en existe déjà des illégales. Les trois Français ont déjà été précédés par une société hollandaise, E-Njoint, qui produit le même type de vapoteuses légales.
Mais comme le soulignait Le Figaro en septembre, la société propose deux autres produits "beaucoup moins inoffensifs", mais tout de même tolérés aux Pays-Bas. Et le quotidien de poursuivre : "ce sont pour le coup de vrais joints électroniques, avec les effets qui vont avec : une des deux déclinaisons se recharge avec un e-liquide qui contient du cannabis ! Et comme pour un vrai joint, c'est l'utilisateur qui décide de la dose qu'il veut mettre à l'intérieur. Le dernier modèle permet de fumer toutes sortes d'herbes sèches, incluant évidemment de la marijuana".
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