Victime d’une concurrence de plus en plus féroce, touchée par une grève ruineuse et confrontée à une baisse de ses marges, Air France-KLM traverse un trou d’air. La compagnie aérienne pourrait donc lancer prochainement un nouveau plan de rigueur, qui pourrait se traduire par des suppressions de postes. Le Figaro avance même que 5.000 emplois seraient menacés, un chiffre démenti par la direction d’Air France. Mais un nouveau tour de vis est de plus en plus probable. Réponse le 5 février lors d'un comité central d'entreprise extraordinaire.
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5.000 emplois menacés ? Air France dément. La compagnie ne cesse de réduire la voilure : dans le cadre de son plan de restructuration Transform 2015, Air France-KLM a déjà supprimé plus de 8.000 postes entre début 2012 et fin 2014 dans le cadre de plusieurs plans de départs volontaires.
Et ce pourrait ne pas être fini : selon Le Figaro, le groupe envisage de lancer "dans les prochains mois" un nouveau plan de suppression de postes qui pourrait porter sur 5.000 emplois. Une affirmation démentie par la direction d’Air France. "Rien n'est encore décidé s'agissant d'un éventuel nouveau plan de départs volontaires; il est donc parfaitement prématuré de l'évoquer, tant sur le principe que sur son éventuelle ampleur", a affirmé un porte-parole d'Air France-KLM.
Du côté du gouvernement, on affirme ne pas être au courant d'un tel plan. Mais si cette réduction d’effectif se confirme, il en sera immédiatement informé : non seulement car l’Etat entretient des liens privilégiés avec l’ancienne compagnie nationale, mais aussi parce qu’il en est actionnaire à hauteur de 15,9%.
Mais la direction ne cache pas son pessimisme. Officiellement, rien n’est donc décidé, mais la direction n’a jamais écarté un tel scénario. C'est ce que déclarait déjà à demi-mot le PDG d'Air France-KLM Alexandre de Juniac le 11 septembre 2014. Prônant une "discipline financière stricte", il avait alors souligné la nécessité de réaliser de nouveaux gains de productivité. Or, un gain de productivité risque de se traduire par un sureffectif dans une entreprise qui estime déjà avoir trop de salariés dans certaines branches.
Du côté de la CGT Air France et de la CFDT Air France, on juge le chiffre de 5.000 postes totalement disproportionné. Mais loin des micros, certaines sources syndicales ne sont pas surprises par ce sombre scénario et rappellent que la compagnie, déjà endettée, va devoir rembourser certains emprunts dans quelques mois, alors même que l’entreprise ne dégage pas de bénéfices suffisants. Si bien que certains envisagent même qu’elle doive, à moyen terme, vendre certaines de ses perles, dont sa filiale Servair (restauration, nettoyage, etc.).
Pourquoi Air France va-t-elle mal ? A priori, aucune décision ne devait être prise avant le 19 février et la publication des résultats pour l’année 2014. Mais si Air France-KLM enregistre des pertes, elle risque d’y être contrainte. Or, la compagnie aérienne traverse une passe difficile qui laisse penser que les résultats pour 2014 ne seront pas bons.
Car si le trafic passagers d'Air France-KLM est resté quasiment stable en 2014 et si le taux d'occupation de ses avions s'est encore amélioré, la compagnie ne gagne pas plus d’argent. Et elle est concurrencée de toutes parts : par les compagnies à bas coûts sur les vols courts et par les compagnies du Golfe sur les longs courriers.
Non seulement les perspective à court terme ne sont donc pas réjouissantes, mais Air France-KLM doit également solder le passé. Or sa dette dépasse les 5 milliards d’euros et l’année 2014 a été marquée par une grève des pilotes français qui a coûté plus de 400 millions d'euros. Signe qu'un plan de rigueur est plus que probable, l'entreprise a décidé de prendre les devants : elle a convoqué un comité central d'entreprise extraordinaire le 14 janvier au cours duquel elle risque d'annoncer des mesures de redressement supplémentaires.
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