Viande de cheval : la psychose s'installe

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Thomas Morel et Lionel Gougelot , modifié à
Scandale oblige, les ventes de plats cuisinés s'effondrent. Et des emplois sont sur la sellette.

Il y a Spanghero, et puis il y a les autres. Si le combat des salariés de Castelnaudary a trouvé très vite un écho national, leur entreprise n'est pas la seule à connaître des difficultés suite au scandale de la viande de cheval. Dans les faits, c'est tout le secteur qui pâtit de la défiance des consommateurs envers les plats cuisinés. Depuis la découverte de viande de cheval dans des lasagnes au bœuf, il y a dix jours, les ventes de plats surgelés dans les grandes surfaces ont chuté, parfois de 5 %, note Le Figaro.

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- 50 % de commandes. Ce sont surtout les fabricants de plats cuisinés qui payent les pots cassés. Fraisnor, un fabriquant de lasagnes du Pas-de-Calais, a ainsi vu ses commandes s'effondrer de 50 % en l'espace de cinq jours. " Il y a une psychose de la lasagne. Même des lasagnes qui ne sont pas du tout concernées, comme celles au saumon, ou encore chèvre-épinards, qui n'ont donc rien à voir avec de la viande, se sont effondrées", se désole Alain Leemans, le patron de l'entreprise, au micro d'Europe 1. Pour compenser, il a été contraint de réduire son activité : "Nous avons une ligne de production sur deux à l'arrêt", explique-t-il. Dans le même temps, 110 de ses salariés devraient être mis au chômage technique.

"On ne tiendra pas un mois". Son entreprise n'est pourtant en rien concernée par cette fraude : "Les analyses démontrent qu'on n'est pas mis en cause" dans le scandale, affirme Alain Leemans. Comme lui, les syndicats ne peuvent que constater les dégâts. "On est en flux tendu (…), donc s'il n'y a plus de commandes, il n'y a plus d'argent qui rentre", s'alarme Christian Delépine, délégué CGT chez Fraisnor, interrogé par Europe 1. "On ne peut pas tenir 15 jours sans produire."

Un secteur qui emploie 50.000 personnes. Ce délégué syndical appelle donc les salariés à manifester mercredi matin, pour obtenir du gouvernement "une aide pour pouvoir passer le cap". L'effondrement du secteur pourrait en effet coûter cher à l'économie : avec 1,55 million de tonnes de viande consommées chaque année, l'industrie de la transformation du bœuf emploie 50.000 personnes et dégage 830 millions d'euros de chiffre d'affaires.