L’INFO. C’est une voiture comme PSA en produit des milliers par an mais elle a tout d’un symbole. Car la Citroën C3 qui sort ce vendredi de l’usine d’Aulnay-sous-Bois est la dernière produite sur ce site, promis à la fermeture en 2014. Un reporter d'Europe 1 a pu rentrer sur le site et a pu voir cette dernière voiture si symbolique.
Un calme surprenant. Cette voiture néanmoins ne touchera jamais le bitume puisqu’elle va directement rejoindre le musée de l’entreprise. Au même moment, l'entreprise devrait entériner un nouveau pacte de compétitivité pour sécuriser l'emploi en échange d'un gel des salaires et d'une plus grande flexibilité.
"Le plus marquant, c'est le calme qui règne dans cette usine", rapporte Julien Pearce, reporter à Europe 1qui a eu accès au site. Car, il y a encore un an, c'était dans un vacarme assourdissant que les ouvriers travaillaient. Cela fait en fait plusieurs mois que plus rien n'est fabriqué dans cette usine. Sur la chaine de montage, il ne reste plus qu'un seul véhicule : cette Citroen C3 grise. C'est elle l'ultime voiture fabriquée à Aulnay-sous-Bois. Un véhicule que les ouvriers ne peuvent pas regarder "sans avoir de la peine".
Depuis trois mois, ils jouent aux cartes. Le temps s'est en fait arrêté le 25 juillet dernier pour les ouvriers de la chaine de montage. Alors en attendant la fermeture définitive du site, ils s'occupent en jouant aux cartes ou en transformant les tables d'atelier en tables de ping-pong. Car pour être payés, environ 1.000 ouvriers doivent se rendre chaque jour à l'usine, même s'ils n'y font plus rien.
Pour Alain, l'usine est même devenue une sorte de "Pôle Emploi géant". "On a un briefing chaque matin", explique-t-il au micro d'Europe 1. "On nous dit que la RATP va passer, puis la SNCF aussi. Mon collègue il a déjà donné douze CV, mais il n'a eu aucune réponse concrète", se désole-t-il.
Que deviendront les employés ? Lors de l'annonce de la fermeture de l'usine, en juillet 2012 dans le cadre d'un vaste plan de restructuration du groupe, le site d'Aulnay employait 3.000 salariés en CDI et 400 intérimaires. Selon la direction, près de 2.000 salariés ont adhéré à l'une des mesures de reclassement. Parmi eux, un tiers sont partis vers d'autres sites du groupe, un tiers ont trouvé un nouvel emploi ailleurs. Enfin, un tiers ont adhéré au congé sénior ou ont créé leur propre entreprise.
"Il reste 1.000 salariés en cours de reclassement, dont 300 à 400 personnes qui ne se sont pas encore manifestées" auprès du groupe pour indiquer quelle solution elles envisagent, selon le porte-parole de PSA. La phase de départs volontaires du plan social doit prendre fin le 31 décembre. Elle sera suivie d'une phase contrainte, pendant laquelle la direction doit proposer des reclassements en interne, avant l'envoi des premières lettres de licenciement le 1er avril 2014.
"J'irais rayer la carrosserie". Face à cet avenir incertain, l'amertume des ouvriers se faire sentir. Alain ne décolère pas, quand il passe à côté de cette dernière voiture. "Si je n'étais pas fier de mon travail, j'irais rayer sa carrosserie", confie-t-il, avec tristesse.
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