C’est désormais officiel : une paire de lunettes sera bien remboursée 470 euros maximum par une mutuelle complémentaire. Paru mercredi au Journal officiel, le décret fixant les plafonds et les planchers de remboursement est censé lutter contre les abus de certains opticiens, qui ont profité du système actuel pour gonfler leurs tarifs.
La nouvelle règle : des plafonds à 470, 750 et 850 euros. Le montant des remboursements sera bientôt encadré par un nouveau barème. Une paire de lunettes à verres simples ne sera alors remboursée que jusqu’à 470 euros, dont 150 euros maximum pour la monture et donc 320 euros maximum pour les verres. Si la monture coûte moins cher, la différence pourra être investie dans les verres.
En ce qui concerne le délai entre deux achats de lunettes remboursés, il sera de deux ans pour u adulte et un an pour les enfants. Des délais que ne seront pas obligés de respecter les personnes dont la vue a évolué.
Quand entrera en vigueur la réforme ? Ces nouvelles règles s'appliqueront à tout nouveau contrat souscrit à partir du 1er avril 2015. Pour les autres contrats, cela s'étalera dans le temps au gré des renouvellements, avec toutefois comme date butoir le 31 décembre 2017.
Pourquoi avoir revu le montant des remboursements ? Car les prix des lunettes n’ont cessé d’augmenter et qu’ils sont bien supérieurs à ceux pratiqués chez nos voisins, comme le montre le tableau ci-dessous, réalisé par la Cour des comptes en 2013. Il illustre notamment ce que disait noir sur blanc le ministère de la Santé en juin : "les prix pratiqués en matière d'optique sont de plus en plus élevés, et plus les complémentaires remboursent, plus les prix augmentent", ce qui nécessite de "casser cette spirale inflationniste en plafonnant ce que peuvent rembourser les complémentaires".
Une inflation dont sont en partie responsables les opticiens : plutôt que de savoir quels sont les besoins d’un client, une partie d’entre eux avaient tendance a d’abord savoir quel était le montant maximum remboursé par la mutuelle pour ensuite se caler sur ce chiffre. Et la Cour des comptes de souligner que les marges dans ce secteur sont bien plus élevées que la moyenne, alors même que le nombre de commerces a augmenté de 43% entre 2000 et 2011.
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Les mutuelles doutent que cela réduise les dépenses. Sur le papier, cette réforme doit permettre de réduire les dépenses de santé. Sauf que beaucoup en doutent, et notamment la Mutualité française, qui estime que le niveau des plafonds pour l'optique "paraît bien supérieur aux prix qu'on peut observer aujourd'hui, et cela risque d'apparaître plus comme un niveau normal que comme une contrainte". Les opticiens ne parlent d’ailleurs pas de baisse de leurs tarifs mais plutôt d’adaptation au nouveau barème : l’Union des opticiens a assuré que ses membres proposeront "des offres qui vont rentrer dans le cadre de ces remboursements pour que les gens puissent ne pas avoir de reste à charge".
Même si les mutuelles sont sceptiques, elles auront intérêt à jouer le jeu : elles devront respecter ces nouvelles règles pour être éligibles au label "contrats responsables et solidaires" et bénéficier ainsi d'une fiscalité allégée. Proposer une couverture allant au-delà de ces plafonds reviendra pour les complémentaires à perdre ces avantages.
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