Tourmentée, la zone euro attendait des décisions du Conseil européen de dimanche. Les dirigeants européens réunis à Bruxelles ont tracé les grandes lignes d'un plan de sortie de la crise de la dette. Au programme : un renforcement du pare-feu financier de la zone euro et une pression accrue sur l'Italie. D'après Nicolas Sarkozy, un "assez large accord" se dessine sur le Fonds de soutien de la zone euro, le FESF. Mais il faudra attendre le nouveau sommet de mercredi pour avoir une décision définitive.
Réunis depuis vendredi, les ministres de la zone euro se sont mis déjà d'accord samedi matin pour exiger des banques créancières de la Grèce qu'elles acceptent des pertes beaucoup plus "substantielles". Initialement prévue à 21%, la décote devrait être "d'au moins 50%" pour espérer stabiliser la Grèce sans avoir à augmenter dans des proportions gigantesques le montant des prêts internationaux déjà promis. En contrepartie, il est prévu de recapitaliser les banques européennes à hauteur de 108 milliards d'euros, selon une source proche du dossier, un montant supérieur aux 80 à 108 milliards d'euros évoqués ces derniers jours.
"Il y a des progrès"
Cette décision pourrait encourager Angela Merkel à lâcher un peu de lest. Divisés sur le renforcement du Fonds européen de stabilité financière (FESF), Nicolas Sarkozy et la chancelière se sont retrouvés en tête à tête samedi soir, à la veille de deux rendez-vous cruciaux pour la zone euro.
Les deux grandes puissances européennes tardent à se mettre d'accord sur la voie à emprunter pour sortir l'euro de la tourmente. Or, le Conseil européen est censé rassurer les marchés par des annonces concrètes sur la crise qui sévit. "Il y a des progrès" et "un assez large accord" se dessine a affirmé Nicolas Sarkozy. Angela Merkel, elle, a assuré que l'Europe pouvait atteindre des "objectifs ambitieux d'ici mercredi".
Paris recule devant Berlin
A l'issue d'un bras de fer, Paris a été contraint d'abandonner son idée d'impliquer la Banque centrale européenne (BCE) dans le renforcement du pare-feu de la zone euro.
La chancelière allemande, Angela Merkel, s'y opposait catégoriquement, au motif que cela aurait violé l'interdiction juridique faite à la BCE d'aider budgétairement les gouvernements.
Deux scénarios encore à l'étude
Afin de renforcer le FESF et lui donner une puissance de feu d'au moins 1.000 milliards d'euros, selon les chiffres qui circulent, deux scénarios circulent. L'un propose que le FESF agisse comme un système d'assurance partielle de la dette publique de pays en difficulté, l'autre envisage une plus forte participation du FMI au dispositif, selon une source gouvernementale allemande. Il est possible que les deux idées soient combinées au final.
Il s'agit de l'un des aspects essentiels de la réponse à la crise qui se veut en trois volets. Il faut stabiliser la Grèce surendettée, imposer aux banques créancières du pays des pertes importantes, les recapitaliser pour qu'elles encaissent le choc et donc armer davantage le FESF.
Plusieurs signaux positifs
Dans ce brouillard, plusieurs contours positifs se dessinent. Selon le ministre des Finances allemand, le nouveau rendez-vous de mercredi a été fixé pour laisser le temps au Bundestag d'avaliser le changement de position d'Angela Merkel. La chancelière doit en effet désormais valider les décisions économiques qui engagent l'Allemagne par la commission des Finances.
En terminant la semaine en forte hausse, les principales places boursières européennes montrent elles aussi qu'elles croient en une issue favorable. Tout comme l'Elysée, qui serait en train de préparer une intervention télévisée du président Sarkozy pour jeudi.
Vendredi, les ministres des Finances de la zone euro ont validé l'accord de principe pour le versement d'un prêt vital de 8 milliards à la Grèce en novembre. Ce prêt représente la 6e tranche du prêt global de 110 milliards décidé l'an dernier.