ENCOURAGEANT - Les nouvelles prévisions de la Commission européenne pour l'Europe sont optimistes pour l'année 2015.
Que les gouvernements de la zone euro ne s'y trompent pas : rien n'est encore joué. Economiquement, l'Europe n'est pas guérie. Mais elle va mieux. Selon la Commission européenne, qui a publié de nouvelles prévisions de croissance jeudi, la zone euro (+1,7%) et l'Union européenne (+1,3%) devraient connaître une croissance encourageante en 2015. Mieux : l'ensemble des pays européens devraient voir leur PIB augmenter. La récession, c'est fini, et pour tous. Ce qui n'était pas arrivé depuis 2007.
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Merci l'euro, merci le pétrole. "La chute des cours du pétrole et un euro plus faible sont un coup de pouce bienvenu", a commenté le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, en guise d'explication de ces chiffres encourageants. La baisse de l'euro dope en effet les ventes des entreprises européennes, qui peuvent proposer des prix plus compétitifs. La chute du prix du pétrole, quant à elle, permet aux Européens qui ne produisent presque pas de pétrole d'en acheter moins cher.
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Il y a trois mois, l'évolution des cours de l'or noir et de la monnaie unique étaient moins prononcée. Et la Commission européenne se montrait moins optimiste : croissance de 1,5% pour l'UE, de 1,1% pour la zone euro, récession en Italie, etc.
De manière générale, la croissance est également tirée par la demande intérieure, et dans une moindre mesure par les exportations. La commission salue également plusieurs réformes entreprises par les pays de la zone euro : unification du marché espagnol, réforme du marché et du temps de travail au Portugal, libéralisation des professions réglementées en Pologne etc.
De fortes disparités. Cette performance permettra, en 2015, à 16 Etats (sur 19) de la zone euro de passer sous la barre d'un déficit public à 3% du PIB. Seuls la France, le Portugal et l'Espagne n'y parviendront pas. Au-delà du déficit, la croissance ne sera pas aussi vigoureuse pour tout le monde.
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Après une croissance de seulement 0,4% en 2014, la France devrait voir sa situation s'améliorer avec une croissance de 1% cette année. En récession en 2014, l'Italie, troisième économie de la zone euro, devrait avoir du mal à émerger: la Commission table sur une croissance de 0,6% cette année. Première économie de la zone euro, l'Allemagne devrait continuer de jouer son rôle de moteur avec une croissance prévue de 1,5%.
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L'Irlande affichera une croissance de 3,5% cette année, tandis que Chypre, en récession en 2014, devra se contenter d'une croissance de 0,4%. Le PIB grec, lui, devrait croître de 2,5%, à en croire Bruxelles.
Les défis qui attendent encore les européens. En outre, même au niveau global, tout ne sera pas rose l'an prochain. Le chômage, d'une part, devrait rester très haut, à 11,2% en zone euro, à peine plus bas qu'en 2014 (11,6%). Dans certains pays, comme en France, il devrait même continuer à augmenter sur l'ensemble de l'année.
Bruxelles, et cela va de pair avec la croissance et le chômage, pointe également le faible niveau d'investissement en zone euro, qui a quasi stagné en 2014. Ce niveau est "considérablement plus faible que lors des précédentes crises financières", s'inquiète Pierre Moscovici.
Le plan Juncker, qui prévoit 320 milliards d'euros d'investissement sur trois ans en UE, devrait corriger la donne. Tout comme le plan de rachat de dette de 60 milliards annoncé par la BCE. Mais il reste une source d'inquiétude : la déflation. Les prix devraient baisser de 0,1% en 2015 dans la zone euro. Or, plus les prix baissent, plus cela décourage les investisseurs de miser de l'argent sur le Vieux continent.