La zone euro est une nouvelle fois en pleine turbulence. Après la Grèce et l’Italie, c’est un "petit" pays, la Slovaquie, qui donne du fil à retordre aux dirigeants européens. Mardi soir, les députés slovaques se sont prononcés contre le renforcement du Fonds de secours financier des pays de la zone euro (FESF) risquant ainsi d'aggraver la crise de la dette. Europe1.fr passe en revue les principales questions posées par ce vote négatif.
Sur quoi portait le vote ? La Slovaquie est le dernier des 17 pays de la zone euro qui devait se prononcer sur le projet de renforcement des attributions du Fonds européen de stabilité financière (FESF). Lors du sommet extraordinaire du 21 juillet, les dirigeants des pays de la zone euro ont en effet décidé de doter le FESF de nouveaux pouvoirs, notamment en augmentant sa capacité de prêts à 440 milliards d’euros, pour aider les pays de la zone euro les plus en difficultés, dont la Grèce, lourdement endettée.
A quoi sert le FESF ? Cet instrument financier a été mis en place le 4 août 2010 pour venir en aide aux pays en difficulté financière. Concrètement, le FESF lève de l'argent sur les marchés avec une garantie apportée par les Etats de la zone euro, proportionnellement à leur participation dans le capital de la Banque centrale européenne. Grâce à sa note constante "AAA", le fonds peut emprunter à des taux très avantageux et reverser les sommes collectées aux pays en difficulté à des taux moindres que ceux qu'ils auraient payés sur les marchés.
L’UE peut-elle se passer du vote de la Slovaquie ? Non. Pour entrer en vigueur, l’accord doit être ratifié à l’unanimité par les Parlements des 17 pays de la zone euro. L’urgence est donc de faire revoter le pays au plus vite. Au lendemain du vote, la France et l’Allemagne ont déjà commencé à mettre la pression sur la Slovaquie. "Nous souhaitons ardemment que ce vote soit positif parce qu'il faut mettre en place l'ensemble des mesures décidées en juillet, qui sont absolument fondamentales pour le sauvetage de la Grèce et pour le renforcement de la zone euro", a indiqué le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé.
Même son de cloche du côté de la chancelière allemande Angela Merkel, pour qui "tous les Etats membres de l'Union européenne doivent participer au combat contre la crise de la dette". "Nous appelons tous les partis au Parlement slovaque à dépasser les considérations politiques à court terme", écrivent dans un communiqué conjoint les présidents de l'Union européenne et de la Commission européenne, Herman Van Rompuy et José Manuel Barroso. L’objectif des dirigeants de la zone euro est clair : tout faire pour que le plan FESF nouvelle version entre en application avant le sommet du G20, qui se tiendra les 3 et 4 novembre, à Cannes.
Quelles seraient les conséquences d'un non pour la zone euro ? Le FESF ancienne formule (voir la question plus haut), serait conservé. Le fonds pourra toujours emprunter mais ne pourra pas aider à la fois la Grèce, l’Italie ou encore l’Espagne car sa capacité de prêts restera limité à 250 milliards d’euros, contre 440 milliards dans le plan FESF nouvelle version. Par ailleurs, sans l’adoption d'un FESF élargi, le fonds ne pourra pas racheter la dette publique des pays en difficulté déjà en circulation sur les marchés, afin de soutenir les banques qui détiennent ces titres et qui cherchent à s'en délester.
Un nouveau vote est-il prévu en Slovaquie ? Face aux enjeux qui dépassent la seule scène politique slovaque, un nouveau vote est prévu "au plus tard" vendredi, a précisé le chef du parti d'opposition. Quatre partis politiques, dont le principal parti d'opposition, se sont mis d'accord pour soutenir le texte présenté par le gouvernement. Un nouveau vote devrait donc avoir lieu, le gouvernement ayant promis en échange l’organisation d'élections anticipées.