Une grande mobilisation a lieu samedi en faveur des salariés de General Electric France. Le rassemblement partait à 14 heures, de la maison du peuple à Belfort, où plus de 800 salariés du site du géant américain sont menacés de perdre leur emploi. En tout, ce sont 1.000 suppressions de postes en France que prévoit l’entreprise. À Belfort, ce ne sont pas que les salariés, mais toute la ville qui se mobilise.
L'angoisse des salariés
"Ça n’est pas normal de licencier les gens à tout va, n’importe comment. C’est dégueulasse ! On ne va pas se laisser faire", s’agace au micro d’Europe 1 Thierry, électricien sur turbine à gaz dans l’usine. "La plupart des gens [qui travaillent chez General Electric, ndlr] habitent sur Belfort, ou dans les 50 kilomètres à la ronde. La région va finir comme le Nord : on n'aura plus rien", déplore-t-il.
"Si on en est là, c’est la faute à Macron !", estime pour sa part Éric, un ouvrier de General Electric. "Il faut que Macron se bouge, c’est lui qui a vendu à GE. Qu’il prenne ses responsabilités !", s’emporte ce quinquagénaire, en référence à la validation par Emmanuel Macron fin 2014, lorsqu’il était encore ministre de l'Economie, de la vente de la branche énergie d’Alstom à l’Américain General Electric. "Je comptais finir ma carrière ici et maintenant je vois qu’il faut tout recommencer. Je le vis mal. J’ai 52 ans, où est-ce que je vais retrouver du travail ?"
Un front commun pour défendre l'industrie française
La plupart des commerçants baisseront leur rideau au passage du cortège. Sur les affiches de la manifestation, les logos de la CGT et de SUD côtoient ceux du Medef local. Le maire de Belfort, le Républicain Damien Meslot a même prévu de défiler au côté de l’insoumis Jean-Luc Mélenchon. "Tous les commerçants ont des affiches, on a une grande banderole tendue sous le lion qui est le symbole de notre ville", explique l’édile.
"Au-delà de General Electric, ce cas est symbolique du devenir de l’industrie française", poursuit Damien Meslot. "Soit on veut encore une industrie forte, soit on ne veut que des startuppers et on laisse tout partir à vau-l’eau. C’est un vrai choix politique."
Mélenchon dénonce le "pacte de corruption"
"Il est question de science, de technique et de patrie", pas seulement d'emplois, a pour sa part estimé Jean-Luc Mélenchon, assis à côté du maire (LR) de Belfort. Le chef de file de La France Insoumise a également pointé le "pacte de corruption", faisant référence aux circonstances de la vente du pôle énergie d'Alstom à l'américain General Electric en 2014.
"Les conditions dans lesquelles s'est faite la vente d'Alstom à General Electric (...) donnnent à penser, c'est quand même très curieux. Tout cela s'est passé sous l'autorité maintenant lointaine de François Hollande mais M. Macron avait déjà des responsabilités (...) et maintenant la chaîne de commandement dans cette entreprise est faite de proches de M. Macron, donc là il y a un grave soupçon", a souligné Jean-Luc Mélenchon.
Des tensions ont également eu lieu à l'entrée de la mairie avant la conférence de presse, entre deux élus du Rassemblement national (RN) au conseil régional qui souhaitaient y entrer et le service d'ordre de l'intersyndicale qui les en a empêchés. Une dizaine de policiers a dû s'interposer. Par la voix de Francis Fontana, délégué Sud Industrie, l'intersyndicale a souligné ne "pas partager les valeurs du RN", tandis que les deux élus ont accusé les syndicats de "discréditer leur combat".