Accord de compétitivité : Renault va-t-il rempiler ?

© PHILIPPE HUGUEN / AFP
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BIS REPETITA - La marque au losange souhaite poursuivre l’accord trouvé en 2013. Mais de quoi parle-t-on ?

Accord de compétitivité. L’expression va être sur toutes les bouches des salariés du groupe Renault, puisque la direction entame jeudi les négociations pour renouveler l’accord trouvé en 2013. Le principe était alors simple : travailler plus en échange de la promesse du maintien des activités. Trois ans plus tard, c’est l’heure du bilan.

Quel accord avait été conclu en 2013 ? Confronté à une chute des ventes consécutive à la crise de 2008, le secteur automobile s’est retrouvé en crise, notamment sur le continent européen où les usines tournaient au ralenti. Pris en cisaille entre une surcapacité industrielle et une demande en berne, la direction de Renault a donc proposé un accord dit de "compétitivité", qui a été finalisé en mars 2013.

D’un côté, la direction du constructeur automobile s’est engagée à maintenir en activité tous les sites français, en promettant d’y fabriquer un nombre minimum de voitures plutôt que de le faire à l’étranger. Autre promesse : ne procéder à aucun licenciement en profitant du non remplacement de 7.500 postes. En échange, les salariés ont accepté des efforts conséquents jusqu’à la fin 2016 : une réduction de 15% des effectifs, l’augmentation du temps de travail, plus de mobilité et de flexibilité, ainsi qu’un gel des salaires la première année.

Quel est le bilan de cet accord ? Trois ans plus tard, un constat s’impose : Renault va beaucoup mieux. Le groupe automobile a vu ses immatriculations bondir de 12% au cours des huit premiers mois de l'année et a atteint une rentabilité opérationnelle record de 1,54 milliard d'euros au premier trimestre. Sans oublier qu’il a entièrement renouvelé sa gamme de véhicules et profite de la bonne santé de sa filiale Dacia et de son allié Nissan.

La direction du groupe automobile se félicite donc de cet accord, à l’image du DRH France Tristan Lormeau qui a déclaré : "grâce à l'effort de tous, Renault est aujourd'hui plus fort en France". La marque au losange veut du coup en conclure un nouveau pour la période 2017-2019. En face, le bilan est plus mitigé : si les syndicats ont réussi à maintenir l’activité et limiter les suppressions de postes, c’est au prix d’une plus grande flexibilité qu’ils espèrent temporaire. Quant à la CGT, qui avait refusé le premier accord, elle a estimé mercredi que c’était "une erreur à ne pas renouveler". Et cette dernière de faire le parallèle entre le salaire bloqué des employés et la rémunération polémique du PDG Carlos Ghosn ou encore la hausse de 40% de l’argent consacré aux actionnaires sous forme de dividendes. Sans oublier que les postes supprimés ont été remplacés par des intérimaires, preuve à ses yeux que les 7.500 suppressions de poste n'était pas nécessaire.

Un nouvel accord pour quoi faire ? Côté patronat, le PDG Carlos Ghosn avait dès février annoncé sa volonté de "refaire un contrat de compétitivité" sur la période 2017-2019. L’objectif est donc de maintenir le niveau de compétitivité actuel, voire d’obtenir encore un effort des salariés.

En face, les CFDT, CFE-CGC, CGT et FO – qui avaient signé le premier accord – sont sur une autre longueur d’onde. "Nous ne serons pas sur une négociation de compétitivité comme il y a trois ans, l'entreprise n'est plus dans la même situation", souligne Franck Daoût, délégué syndical central CFDT. Ce dernier espère donc parler de "qualité de vie au travail", de "pénibilité", ou encore "d'organisation du travail" et de "performance industrielle". Bruno Azière , de la CFE-CGC, évoque lui la "question d'un partage de la richesse avec les salariés". Les deux parties ont jusqu’au 13 décembre pour s’entendre.