À moins d’une semaine de Noël, vous êtes peut-être encore en train de finaliser vos cadeaux. Et comme de nombreux Français, peut-être pensez-vous effectuer vos achats en ligne. Ces derniers grappillent chaque année de plus en plus de parts de marché aux magasins traditionnels. Mais depuis plusieurs semaines, ils ont été vraisemblablement boostés par le mouvement des "gilets jaunes", dont les blocages ont massivement gêné les achats dans les galeries commerciales et les centres villes.
Des acheteurs bousculés dans leurs habitudes. D'un samedi à l'autre, les images largement diffusées des vitrines barrées par des plaques en bois, ou avec leurs rideaux baissés ont découragé de nombreux acheteurs. "Cette année j'ai fait tous mes achats de Noël sur Internet, parce que j'avoue que je n'ai pas envie de m'aventurer le samedi dans les grands magasins avec tout ce que l'on voit en ce moment", confie ainsi à Europe 1 Lola, une consommatrice qui, jusqu'à présent, n'avait guère l'habitude d'acheter ses cadeaux sur Internet.
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Un report d'activité. Si la baisse de fréquentation des commerces est très nette, l’impact des "gilets jaunes" sur les achats de Noël en ligne l'est tout autant. Interrogé par Europe 1, plusieurs transporteurs, chargés d'acheminer les colis qui sortent des plateformes en ligne pointent une augmentation du trafic. DHL Express France a ainsi enregistré 7% de croissance supplémentaire, avec plus de 30.000 colis acheminés chaque jour. D’autres estiment toutefois qu'il est encore un peu tôt pour donner des estimations. S'ils n'ont pas enregistré de hausse d’activité spectaculaire au plus fort de la protestation, ils croulent à présent sous les livraisons ; les consommateurs ont attendu le tout dernier moment pour voir s’ils pourraient finalement se rendre dans les magasins.
"L'effet 'gilets jaunes' que l'on constate en tant que transporteur est un décalage dans le temps de la période de forte consommation", résume ainsi Jean-Sébastien Léridon, directeur général de la société Relais-Colis. "C'est un report de notre forte activité qui était prévue la semaine dernière et que l'on constate cette semaine ".
Des points-relais saturés. Désormais, les points-relais - buralistes, pressings, pharmacies, caves à vins et autres commerces de quartier qui ont choisi de diversifier leurs activités en mettant à disposition ce service d’envoi et de réception de colis -, croulent sous les paquets. "Ça a été une avalanche. J'en avais jusqu'au plafond", rapporte entre deux salves de clients Marguerite, qui tient un pressing à Paris. Un peu plus loin, un buraliste, lui aussi point-relais, explique que face à l’afflux de demandes, il a été obligé de demander à ses clients de venir à une heure très précise pour ne pas atteindre la saturation.
Les plateformes de e-commerce dopées ? Contacté par Europe 1, plusieurs plateformes de e-commerce assurent que le mouvement n'a pas bouleversé leur activité sans pour autant donner de chiffres. Le géant américain Amazon refuse lui-aussi de nous donner le moindre chiffre. Là encore, ce sont les transporteurs qui nous renseignent le mieux, puisqu’ils voient bien, eux, la provenance des colis. Et là, tous sont unanimes : Amazon a bénéficié massivement de la colère des "gilets jaunes". Et c’est d’ailleurs toute l’ironie du mouvement des ronds-points : parmi les réclamations insistantes, il y a la taxation des GAFA, ces géants d’Internet, or, quelques semaines de blocages ont tout simplement dopé le business d’Amazon.