Cours des matières premières en baisse, météo capricieuse, récoltes décevantes : l'agriculture française s'attend à une année 2016 difficile. Le principal syndicat agricole, la FNSEA, a même effectué une première estimation des pertes redoutées : le déficit pour la filière pourrait avoisiner les "4 à 5 milliards d'euros".
2016, mauvais cru pour l'agriculture française. Xavier Beulin, président de la FNSEA, a reçu mercredi des agriculteurs et des responsables locaux de son syndicat pour faire le point sur la situation. Ces derniers lui ont dressé pendant plus de deux heures un tableau, souvent noir, des différentes filières: volailles, porcs, viande bovine, lapins mais aussi lait, un secteur très déprimé. "Crise de marché, crise climatique et crise sanitaire se cumulent", a souligné Xavier Beulin, avant de livrer une estimation du manque à gagner pour les agriculteurs.
"4 à 5 milliards d'euros" de pertes. Le niveau des pertes dans l'agriculture française, pour laquelle "la situation n'a jamais été aussi grave", va s'élever pour 2016 "de 4 à 5 milliards d'euros", toutes filières confondues. Sur ces 4 à 5 milliards d'euros "de pertes sur la Ferme France, on estime qu'il y a 3 milliards, peut-être un peu plus", qui vont venir des céréales, selon le chef de file de la FNSEA. Cette filière connaît de grandes difficultés pour la deuxième année, avec "des cours mondiaux très très bas" auxquels s'ajoutent cette année une "crise climatique", qui a touché plus particulièrement le nord de la France. "C'est globalement une perte (de production) supérieure à 30% avec des pics parfois - je pense au blé dur - de 60%. C'est énorme", a déploré Xavier Beulin.
Les requêtes de la filière. Conséquence de cette situation, "la FNSEA travaille sur un plan de refinancement" des exploitations, "car à ce niveau de pertes, ce ne sont pas des mesures traditionnelles qui peuvent suffire", a expliqué Xavier Beulin. "Ce que nous allons demander au gouvernement, c'est de prendre en charge un fonds de garantie ou de réassurance qui devrait permettre aux banquiers, en direct auprès des agriculteurs, de leur proposer des conditions de taux, de durée (d'emprunts, NDLR) compatibles avec leur rentabilité", a-t-il poursuivi.