Le ministre de l'Agriculture Stéphane Travert a renvoyé jeudi aux régions le versement ou non d'aides au maintien dans l'agriculture bio, et estimé qu'il faudrait voir où la France en serait dans trois ans avant d'anticiper l'arrêt de l'herbicide glyphosate.
Le choix du maintien des aides laissé aux régions. "Nous avons dit aux régions 'avec les sommes allouées, regardez si vous pouvez continuer les aides au maintien', c'est le choix des régions de faire ou de pas faire nous ne nous sommes désengagés sur rien", a déclaré le ministre sur RMC et BFMTV. Il répondait à la Fédération nationale de l'agriculture biologique (Fnab) qui a réclamé mardi le rétablissement des aides consenties par l'État aux agriculteurs biologiques pour pérenniser leurs exploitations. Celles-ci vont être supprimées à partir de 2018.
Le ministre a souligné que le choix politique du gouvernement a été de soutenir la "conversion" des agriculteurs en bio, au vu de la demande des consommateurs qui explose. "Nous sommes sur une programmation jusqu'en 2020" a-t-il déclaré, il y a "320 millions d'euros" prévus. Pour les aides au maintien, "c'est un dialogue avec les régions. Elles sont libres de gérer", a-t-il dit, en estimant que "les agences de l'eau peuvent" aussi "financer de l'aide au maintien".
140 millions d'euros par an réclamés. Les agriculteurs bio aimeraient également que la France anticipe sur la rémunération pour services environnementaux rendus, comme s'est engagé à le faire le président de la République en vue de la prochaine Politique agricole commune (2020). Ils demandent 418 millions d'euros sur trois ans, soit 140 millions par an, "une goutte d'eau sur les 7,7 milliards d'euros des fonds PAC", selon la Fnab.
Anticiper la fin du glyphosate. Sur l'interdiction du glyphosate, Stéphane Travert a établi un distinguo entre la décision de la Commission européenne de l'interdire dans cinq ans, et la "décision politique" de la France de "montrer l'exemple" en anticipant cette interdiction d'ici trois ans. "Regardons dans trois ans où nous en serons" a-t-il dit, en répétant qu'il s'appuie sur "la science et le droit" sur ce dossier. "Beaucoup d'agriculteurs ont déjà fait beaucoup d'efforts sur ce sujet", a ajouté le ministre.
Favorable à de nouvelles étiquettes pour la viande. Par ailleurs, à quelques jours de la clôture des États généraux de l'alimentation, il s'est déclaré favorable à un étiquetage alimentaire sur la viande précisant les conditions d'abattage du bétail. "Il faut que l'on soit transparent", a-t-il dit, en réponse à une question sur le sujet.
Un projet de loi sur la fixation des prix. Il a aussi rappelé qu'un projet de loi serait présenté au premier semestre 2018 sur la fixation des prix alimentaires entre les producteurs, l'industrie et la distribution. "Je ne maîtrise pas le calendrier parlementaire. Le président avait dit que le projet serait soumis au Parlement dans le premier semestre 2018, nous espérons le plus tôt possible. Il y a une attente chez les professionnels", a-t-il remarqué.
Peu convaincu par le repas végétarien. Enfin, sur la proposition du ministre de l'Ecologie Nicolas Hulot d'instaurer un repas hebdomadaire végétarien dans les cantines scolaires, le ministre s'est montré plutôt tiède, en privilégiant plutôt "l'équilibre" d'une nourriture "saine et de qualité", et en affirmant que certains élèves ne mangent ni poisson ni viande chez eux car les familles n'en ont pas les moyens.