Il est soupçonné d'avoir monté une escroquerie massive aux aides Covid via les réseaux sociaux : le tribunal de Paris se prononce mercredi sur le sort de Paul A. alias "PA7" et de ses six coprévenus. Cet homme de 24 ans, qui postait en 2021 des photos de lui devant une voiture de luxe et une piscine à Dubaï où il s'était installé, a comparu mi-juin, notamment pour escroquerie en bande organisée.
Sept ans de prison requis
Le ministère public a requis à son encontre sept ans d'emprisonnement et 100.000 euros d'amende.
Il a reconnu avoir mis en place un "business" au moment de la crise sanitaire : remplir des formulaires falsifiés, au nom d'auto-entrepreneurs ou d'indépendants, pour le fonds de solidarité aux entreprises mis en place en mars 2020. Ses "clients" étaient recrutés via des "publicités" sur les réseaux sociaux, de courtes vidéos où il lançait par exemple: "Y a 4.500 euros à prendre. T'es entrepreneur, tu envoies un message sur le whatsapp, en 48 heures. Let's go for the show".
De nombreuses tentatives ne passaient pas mais d'autres ont fonctionné : sur l'argent public versé, il prenait alors une commission - pouvant aller jusqu'à 40% selon l'accusation.
L'homme est relié à près de 700 demandes frauduleuses
Le ministère public l'a relié, entre mars 2020 et juillet 2021, à près de 700 demandes frauduleuses, pour 33,8 millions d'euros réclamés et 7,5 millions effectivement versés - soit plus de 3 millions en commissions.
Des montants réfutés par "PA7", son avocate estimant qu'il avait en réalité empoché "un million d'euros maximum". Parlant d'une "jeune homme immature", loin du "grand banditisme", qui a reconnu les faits, Me Carole Foissy a mis en garde dans sa plaidoirie contre la tentation d'en "faire un exemple".
Contre son "meilleur ami", âgé de 24 ans, qui l'avait accompagné à Dubaï où ils ont "flambé" pendant quelques mois, la procureure a requis six ans d'emprisonnement et 80.000 euros d'amende. Soulignant qu'il n'a aucun casier et a lui aussi admis sa participation, son avocat a réclamé "une peine qui lui permette de retrouver la liberté".
Placé en détention provisoire depuis l'été 2021
Deux à quatre ans de prison avec, selon les cas, des amendes allant jusqu'à 80.000 euros, ont été requis contre trois autres prévenus, soupçonnés d'avoir participé à l'escroquerie. L'accusation a demandé quatre mois avec sursis pour un "client" de "PA7" - des procédures parallèles visent les autres bénéficiaires indus présumés. Une dernière prévenue, absente, est visée par un mandat d'arrêt.
"PA7" comptait encore au début du procès 51.000 abonnés sur Snapchat, mais ce chiffre a depuis chuté. Il avait changé son statut en mentionnant : "en prison actuellement" - depuis son placement en détention provisoire à l'été 2021, des portables ont été retrouvés à plusieurs reprises dans sa cellule.