Air France-KLM, fragilisée par la pandémie, a décidé d’arrêter d’exploiter l’Airbus A380 deux ans et demi avant la date prévue. Cet avion, très apprécié des voyageurs, n’a pourtant "pas trouvé son public parce qu’il n’est pas assez rentable", a analysé sur Europe 1 le consultant aéronautique Xavier Tytelman.
Avec la crise du coronavirus, Air France-KLM accélère la sortie de l’A380. La compagnie aérienne a décidé d’arrêter d’exploiter le gros porteur deux ans et demi avant la date prévue. "C’est une accélération par rapport à ce qui était prévu. C’était un avion très réputé et très apprécié, dans tous les classements des voyageurs. Mais c’est un gros avion très difficile à remplir, principalement l’hiver", a expliqué jeudi sur Europe 1 Xavier Tytelman, consultant aéronautique chez CGI Consulting.
"C’est pour ça qu’il n’a pas trouvé son public, parce qu’il n’est pas assez rentable, sauf pour des compagnies comme Emirates qui en a commandé une centaine et qui va les garder", a-t-il poursuivi.
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Un avion "qui perd de l’argent"
Air France-KLM avait déjà expliqué en juillet 2019 que, pour des raisons de rentabilité de l'appareil, plus gourmand en kérosène et plus polluant que les dernières générations d'avions long-courrier, il allait cesser de faire voler le géant des airs à la fin 2022. "Pour faire simple, quand vous avez des avions de plus petite taille, vous pouvez en mettre certains au sol et en garder d’autres qui sont suffisamment remplis. Si vous avez trois A330, vous en avez un au sol et les deux autres qui continuent à être rentables", prend pour exemple Xavier Tytelman.
"Par contre, quand vous avez un A380 sur une destination, vous ne pouvez pas passer de un avion à zéro. Donc vous êtes obligés d’utiliser cet avion rempli à 60%, et qui perd de l’argent."
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La stratégie d’Airbus n’est pas remise en cause pour autant
D’autres compagnies, comme Lufthansa, ont également avancé la date de retrait de l’A380. Pour le gros porteur, cet échec commercial s’explique par les mutations du trafic aérien. "C’était un choix stratégique qui était de relier les grands aéroports, autour des ‘hubs’. Un Toulousain qui voulait aller à New York devait passer par Paris. Désormais on se dirige vers une aéronautique vers des vols directs, donc de Toulouse à New York mais avec des avions plus petits et plus faciles à remplir. On a cette orientation positive pour l’écologie et pour les compagnies, qui seront plus rentables", justifie le consultant aéronautique.
Mais l’échec de l’A380 ne remet pas en cause la stratégie d’Airbus. "Très clairement, le positionnement stratégique d’Airbus est le bon. L’A350 gagne des parts de marchés dans tous les domaines, l’A321 XLR (un moyen-courrier capable d’effectuer des vols transatlantiques) va exploser parce que c’est ce dont on aura besoin pour faire des villes secondaires au niveau international. Et là il n’y a pas de concurrents, Boeing n’a pas d’équivalents, donc Airbus sera le seul à pouvoir le proposer. Dans les prochaines décennies, ce sont sans doute eux qui vont prendre l’avantage sur Boeing", prédit Xavier Tytelman.