Une séquence en chasse une autre dans le dossier Air France. Après avoir dénoncé l’intransigeance des pilotes de ligne puis condamné les dérapages en marge du dernier comité d’entreprise, le gouvernement a visiblement décidé de changer de ton. Plusieurs ministres et le président lui-même ont tour à tour fait des déclarations bien plus conciliantes vis-à-vis des employés de la compagnie aérienne, quant ils n’ont pas critiqué à demi-mot la gestion de crise de la direction. Une manière de rééquilibrer les débats après l'impact médiatique qu'ont eu les arrestations de plusieurs salariés à 6 heures du matin dans des conditions rappelant celles du grand banditisme.
Tir groupé du gouvernement. François Hollande a ouvert le bal mardi lors d’une visite sur les chantiers navals de Saint-Nazaire, plaidant pour le dialogue social et dénonçant "la brutalité" d'où qu'elle vienne, des "mouvements" comme de certains "patrons". Ségolène Royal lui a emboîté le pas mercredi en estimant qu'il y avait eu des erreurs de "tous les côtés". "Les stratégies qui ont consisté à dresser les salariés les uns contre les autres sont de mauvaises stratégies", a ajouté la ministre de l’Ecologie. Avant d'aller jusqu'à évoquer une possible suspension du plan.
La ministre du Travail Myriam El Khomri a renchéri un peu plus tard en demandant à Air France de mettre "plusieurs propositions sur la table", et concédant que cela impliquait de suspendre le plan. "Pour retrouver un climat apaisé, il faut remettre les choses sur la table avec une vraie stratégie financière en toute transparence. Donc moi, ce que je souhaite, aujourd'hui, c'est retrouver de la confiance par la transparence", a-t-elle déclaré sur Europe 1.
El Khomri : "il faut remettre les choses sur la...par Europe1fr
Une position d’équilibriste à trouver. Le Premier ministre Manuel Valls a clôturé cette séquence mercredi après-midi : "nous pensons que ce plan peut être aujourd'hui évité si le dialogue social s'approfondit, c'est le cas depuis quelques jours et je m'en réjouis", a-t-il déclaré.
Le Premier ministre a néanmoins pris soin de rééquilibrer son discours le lendemain, pour ne pas donner l’impression de prendre cause pour les salariés, après avoir pris la défense de la direction auparavant. "Le gouvernement à la fois soutient le plan de restructuration d'Air France et appelle au dialogue. (…) Aujourd'hui il n'y a pas de médiateur, nous favorisons le dialogue, la discussion entre la direction et l'ensemble des personnels", a déclaré Manuel Valls sur BFMTV.
Et maintenant ? Les discussions ont repris vendredi dernier et un conseil d’administration pourrait se tenir jeudi pour faire le point sur les propositions de chacun. Il est même désormais question d’un nouveau plan qui remplacera Perform 2020. Du côté des pilotes, on se dit prêt à faire des efforts : 10% de productivité en plus sans augmentation de salaire. Un premier pas, reste à savoir si cela conviendra à la direction, qui a fixé pour objectif un gain de productivité de 17%.