Dans un entretien au Parisien, le DRH de la compagnie, Xavier Broseta, propose aux salariés des contrats de travail en fonction de leur productivité.
Derrière les confessions, des propositions explosives. Au-delà du récit de l'agression, l’entretien du DRH d’Air France dans Le Parisien de ce lundi dévoile la stratégie de la compagnie pour les mois à venir. Alors que l’entreprise a ouvert un plan social menant à terme à la suppression de 2.900 emplois, Xavier Broseta entend relancer l’entreprise en améliorant la productivité des salariés, notamment celle des pilotes. L’idée est simple : proposer des contrats de travail différenciés aux salariés en fonction de leur productivité. Éclairage.
Les trois types de contrats :
- Hausse de productivité, rémunération similaire. C’est la proposition la plus logique selon Xavier Broseta : demander plus d’efforts aux salariés, et notamment aux pilotes. En pratique, cette hausse de productivité devrait passer par plus d’heures travaillées.
- Hausse de productivité supérieure, rémunération supérieure. C’est le “travailler encore plus pour gagner plus”. L’idée serait que les salariés signataires de cette mesure s’engagent à travailler plus que dans le premier contrat pour voir leur revenu augmenter. Là encore, c’est principalement le temps de travail des salariés qui sera touché, via des RTT en moins ou des vols supplémentaires à ce qui est prévu.
- Travailler autant pour gagner moins. C’est la dernière idée du DRH qui pourrait mettre le feu aux poudres. Si les salariés refusent d’augmenter leur productivité, ils pourraient voir leur salaire revus à la baisse.
Des propositions difficiles à mettre en place ?
Quel que soit le contrat de travail choisi, c’est toujours le salarié qui aura le dernier mot quant à sa rémunération. En France, il est impossible d’imposer à un salarié une baisse de salaire. Ainsi le DRH de la compagnie devra passer par un accord général avec les syndicats en prouvant la nécessité de la situation. Si aucun accord général n’est dégagé, l’entreprise peut prendre la décision unilatérale de baisser les salaires mais les dossiers devront être gérés au cas par cas. Difficile à organiser pour une aussi grosse entreprise qu’Air France.
La direction a de son coté confirmé à l'AFP que cette idée de contrats différenciés était sur la table. Elle "fait partie des pistes de réflexion pour améliorer la productivité des navigants", a indiqué une source proche de la direction, jugeant "prématuré de donner plus de détails" sur ces contrats individualisés.
Quid des concurrents ? “Si on n’est pas assez costauds, on va se faire manger”. Alarmiste Xavier Broseta ? Comme l’expliquait France TV Info en septembre dernier, les pilotes d’Air France sont parmi les mieux payés en Europe avec une rémunération de 6.300 euros par mois pour 750 heures de vol par an en début de carrière contre 2 900 euros et 850 heures de vol par mois pour Ibéria. Même constat pour les personnels navigants avec 2000 euros bruts par mois au début de carrière pour 600 heures de vol par an chez Air France pour 1.500 euros bruts chez British Airways pour 700 heures par an.
En 2014, la compagnie a subi une perte nette de 198 millions d’euros, et une perte d’exploitation de 129 millions d’euros.