Une semaine après les incidents survenus lors du comité central d'entreprise (CCE) d'Air France, l'enquête judiciaire progresse. Cinq salariés de la compagnie aérienne ont été interpellés simultanément lundi matin à leur domicile. Un sixième s'est rendu de lui-même. Alors que l'un d'eux a été relâché lundi soir, cinq doivent rester en garde à vue cette nuit. Tous sont soupçonnés de "violences aggravées" contre deux cadres d'Air France - dont le DRH - et des vigiles. Derrière eux, les soutiens se multiplient.
Une manifestation à Roissy. Une grosse centaine de salariés se sont ainsi rassemblés une bonne partie de la journée de lundi à l'aéroport de Roissy, où se trouve le siège d'Air France, pour dénoncer les conditions d'arrestation des salariés. "Ce n'est pas des violents, ce n'est pas des voyous. Il faut arrêter de dire ça. J'aurais pu être dans le lot, comme d'autres", s'insurge Eric, qui a travaillé avec l'un des accusés la nuit dernière, au micro d'Europe 1. "Il n'y a pas de violence aggravée... Il n'y a pas une image où l'on voit un agent frapper. Par contre, des agents qui ont des coups aux cœurs, dans l'âme, vous en trouverez beaucoup", renchérit-il.
La gauche de la gauche monte au créneau. De Jean-Luc Mélenchon à Pierre-Laurent en passant par Olivier Besancenot et les écologistes, de nombreux responsables politiques sont également montés au créneau pour dénoncer les conditions d'arrestation des cinq employés réveillés à leur domicile, tôt lundi matin. "Arrêtés chez eux à 6h du matin ? Pourquoi ? Pour les humilier devant leurs familles ou parce qu’ils préparaient une fuite à St Martin ?", a ironisé Cécile Duflot dans un tweet. Le Parti de gauche compare dans un communiqué ces arrestations à celles réservées "aux dangereux criminels".
"Pour ce type de cas, une convocation suffit. Il y a une mise en scène qui est tout à fait scandaleuse et qui est à la mesure de l'implication du gouvernement du côté des patrons et pas des salariés. Il y a dans cette société deux poids, deux mesures. On ne voit pas de violence sociale", renchérit Clémentine Autain (FASE, Front de gauche), interrogée par Europe 1.
Des arrestations anormales ? Selon les magistrats interrogés par Europe 1, il n'y a toutefois rien d'inédit à réveiller une personne sur son lieu de domicile en cas de soupçons de violence aggravée, à partir du moment où la porte n'est pas enfoncée. Or, dans ce cas-là, on parle même de "violence en réunion" et de "préméditation". L'idée des policiers, d'un point de vue pratique, était que toutes les gardes à vue commencent en même temps.
Les salariés interpellés, des personnels au sol syndiqués qui travaillent à la direction Cargo d'Air France, ont été formellement identifiés sur les images vidéo comme étant les principaux auteurs des violences commises lundi dernier sur les vigiles et les cadres de la compagnie, notamment le directeur des ressources humaines dont la chemise avait été arrachée, en début de semaine dernière, à l'issue du comité central d'entreprise.