Air France : quel effort est demandé aux pilotes ?

© JACQUES DEMARTHON / AFP
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La direction de la compagnie aérienne a dévoilé jeudi l’effort demandé à ses pilotes : augmenter de 15 à 20% le nombre d’heures de vol.

Air France et ses pilotes de ligne ont enfin renoué le dialogue jeudi. Après des mois de brouille et une grève historique il y a tout juste un an, la direction de la compagnie aérienne est revenue à la charge pour demander aux pilotes de participer au projet "Perform 2020".  Un plan censé améliorer la productivité des employés de la compagnie pour qu’elle redevienne compétitive face à une concurrence toujours plus féroce. Mais quel est l’effort demandé aux pilotes ?

Air France remet sur la table "Perform 2020". Signe que la compagnie française va mal, à peine avait elle terminé le plan "Transform 2015" qu’elle dévoilait en septembre 2014 un nouveau plan de productivité baptisé "Perform 2020". L'objectif est double : réaliser dans un premier temps 1,13 milliard d'euros d'économies d'ici à 2017, puis investir pour revenir dans le jeu face à ses principaux concurrents. Car Air France fait face à une double menace : elle est très sérieusement concurrencée par les low cost sur le vols court et moyen courriers, et par les compagnies asiatiques et surtout du Golfe sur le long-courrier. La compagnie française doit donc à la fois réduire ses coûts sur les vols courts et monter en gamme sur les longs vols.

100 heures de vol supplémentaires par an. Atteindre de tels objectifs suppose "une augmentation du nombre d'heures de vol à rémunération constante", dixit le PDG d'Air France Frédéric Gagey. Un effort que la direction a quantifié jeudi : elle demande à ses équipes d’accepter de voler 100 heures de plus par an, qu’il s’agisse des pilotes de ligne ou des hôtesses et stewards.

L'effort "correspondrait à environ 1,5 mois de travail gratuit", a commenté un cadre du SNPL, syndicat majoritaire de pilotes à Air France. En clair, travailler plus pour rien de plus. Mais la direction a un argument imparable : ses équipes travaillent entre 15 et 20% de moins que la concurrence équivalente (Lufthansa, British Airways, Delta Air Lines, American Airlines).

Air France veut faire voler ses pilotes autant que la concurrence | Create infographics

Mais l’effort demandé aux équipes d’Air France ne s’arrête pas là. Il leur est également demandé de renoncer à des journées de récupération : deux par mois sur les moyen-courriers, tandis que les long-courriers renonceraient à trois jours de congés par an.

En cas d’impasse, des suppressions de ligne. Échaudée par la grève des pilotes de la rentrée 2014, la direction n’a pas hésité à déjà prévoir un plan B en cas d’échec : réduire son offre long-courrier de 10% d'ici à 2017, d’autant plus qu’une ligne sur deux n’est pas rentable. Ce qui se traduirait par le retrait d’une dizaine d'avions et un report des commandes des Boeing 787, dont elle doit prendre livraison en 2016.

Air France se trouverait alors encore un peu plus en sureffectif et devrait réduire la voilure. La direction assure qu’il n’est pas question de lancer un plan social en cas d’échec mais des licenciements pourraient avoir lieu. Et principalement parmi les personnels navigants, d’autant plus que les pilotes sont la seule catégorie à ne pas avoir respecté les engagements pris lors du précédent plan.

Le personnel au sol ayant déjà consenti d’importants efforts, il pourrait se voir proposer un plan de départs volontaires, dixit le syndicat CFE-CGC. La CGT est, elle, plus pessimiste et redoute qu’il y ait des licenciements "dans certains secteurs où on est aujourd'hui hors des clous", et plus particulièrement à Marseille.

Verdict le 5 octobre. Les pilotes de ligne ayant boycotté les négociations depuis presque un an, la direction ne veut plus perdre de temps : elle dévoilera ses intensions lors d'un CCE extraordinaire le 5 octobre.

La majorité des syndicats ont appelé à une journée d'action et de mobilisation ce jour-là "pour s'opposer à tout licenciement". La CGT, FO et UNSA aérien appellent de leur côté à cesser le travail pour le "maintien de l'emploi local".