C'est le premier comité central d'entreprise (CCE) depuis "l'affaire de la chemise" et, visiblement, la confiance n'est toujours pas rétablie entre la direction d'Air France et les représentants du personnel. Ces derniers ont voté jeudi "à l'unanimité" le lancement d'une procédure de droit d'alerte, dernière illustration d'un dialogue social en panne.
Les trois informations de la journée à retenir :
• La direction a confirmé la suppression de 1.000 postes en 2016 mais n'a pas voulu préciser ses intentions pour les années suivantes
• Les élus du personnel ont voté "à l'unanimité" le lancement d'une procédure de droit d'alerte
• Une manifestation est organisée devant l'Assemblée nationale en soutien "aux inculpés" de l'affaire de la chemise
Un CCE pour tenter de renouer le dialogue. Direction et syndicats d'Air France avaient rendez-vous jeudi matin dans l'ouest de Paris pour tenter de relancer les discussions, interrompues le 5 octobre après des débordements en marge du précédent CCE. Le DRH du groupe et plusieurs autres cadres du groupe avaient alors été contraints de fuir, la chemise en lambeaux pour certains, les salariés reprochant à la direction son mutisme et une stratégie trop axée sur les réductions de coûts.
Perdant de l'argent depuis 2008, Air France multiplie en effet les plans d'économies : après "Transform 2015", la direction souhaite lancer le plan "Perform 2020". Une feuille de route qui fixe pour objectif un gain de productivité de 17% d'ici 2020 et suppose que les employés travaillent plus pour un salaire inchangé. Face au refus des employés du groupe, et surtout des syndicats de pilotes, la direction a alors dévoilé un plan B : 2.900 suppressions de postes, dont 1.000 dès 2016. Depuis, le dialogue est presque rompu.
Une procédure d'alerte enclenchée. Malgré la situation de la compagnie aérienne, cette réunion n'a pas permis de rapprocher les points de vue : les élus du personnel d'Air France ont voté "à l'unanimité" le lancement d'une procédure de droit d'alerte. Cette dernière permet de lancer "une expertise sur la stratégie, sur le plan de développement et sur l'emploi", a précisé Miguel Fortea, secrétaire général de la CGT Air France.
"Lorsque le comité d'entreprise a connaissance de faits de nature à affecter de manière préoccupante la situation économique de l'entreprise, il peut demander à l'employeur de lui fournir des explications", précise le Code du Travail. Un cabinet d'expert va donc questionner la direction sur ses intentions jusqu'à fin janvier.
Une direction qui refuse de préciser l'ampleur des suppressions d'emplois. Signe de la défiance au sein d'Air France, la direction n'a de son côté fourni aux représentants du personnel aucune assurance sur le fait que les 2.900 suppressions de postes prévues d'ici 2017 constituaient un nombre maximal, a-t-on déclaré jeudi de sources syndicales. Seule certitude : il y aura bien 1.000 suppressions de postes en 2016, via des départs volontaires, a précisé la direction.
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