Le conseil d'administration d'Airbus se réunit jeudi dans une ambiance délétère sur fond d'affaires et de spéculations quant à un départ de son tandem de direction franco-allemand, qui font craindre une déstabilisation du géant aéronautique.
Des inquiétudes internes. "Tout le monde est dans l'expectative", a résumé un syndicaliste du géant aéronautique à la veille de ce rendez-vous, dont l'horaire précis n'a pas été communiqué. Mardi, plusieurs articles de presse ont évoqué le départ de l'Allemand Tom Enders et de son numéro deux français Fabrice Brégier, ce qui a alimenté l'inquiétude en interne quant à une possible déstabilisation du groupe visé par des enquêtes judiciaires.
Pas de troisième mandat pour Tom Enders ? Le patron d'Airbus a assuré que son "mandat actuel court jusqu'en avril 2019 et c'est le calendrier sur lequel [il] travaille". Il réagissait à un article du Figaro qui, sans dévoiler la nature de sa source, assurait qu'il aurait "informé l'Élysée très récemment qu'il ne briguerait pas un troisième mandat."
Tom Enders, qui a toujours voulu tenir les États à l'écart des affaires du groupe, a laissé pointer son agacement en affirmant que "la décision sur [son] avenir en tant que président exécutif d'Airbus n'est prise ni par la presse française ou le gouvernement français, ni par aucun gouvernement". En déplacement en Asie, Fabrice Brégier s'est, quant à lui, dit "surpris des informations rapportées par la presse sur [son] départ prochain".
Prudence à Berlin et Paris. Au sujet d'un éventuel changement à la tête d'Airbus, la porte-parole du ministère de l'Économie à Berlin a estimé que "c'est une décision du conseil d'administration et de la société". À Paris, l'État reste vigilant sur les "dossiers industriels", a indiqué une source gouvernementale. "On ne va pas mettre tout sur la place publique, on va attendre la fin de l'instruction, mais effectivement il y a un sujet", a-t-elle fait valoir. Les deux capitales, actionnaires du groupe à hauteur de 22%, ne sont pas directement représentées à son conseil d'administration, mais rien ne peut se faire sans leur aval.
La crainte d'une déstabilisation du groupe. En interne, on s'inquiète que ces enquêtes et une éventuelle guerre de succession au sommet ne déstabilise le groupe. "Que l'on change de PDG, c'est une chose. Nous ce que l'on souhaite c'est que l'entreprise ne soit pas déstabilisée", a déclaré Jean-Marc Escourrou, secrétaire FO Airbus SAS, la branche aviation commerciale, à Toulouse. "Avoir un départ simultané de Tom Enders et de Fabrice Brégier, c'est une situation qui nous inquiète et qui est de nature à déstabiliser la gouvernance du groupe", a renchéri Thierry Préfol, coordinateur adjoint CFE-CGC chez Airbus.