Le président de l'Observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires (OFPM) estime que les aliments auraient coûté encore plus cher l'an dernier si les industriels et les distributeurs n'avaient pas "écrasé" leurs marges. Les industriels et les enseignes de supermarché n'ont pas répercuté auprès de leurs clients l'intégralité de l'inflation qu'ils ont subie.
Les aliments auraient coûté encore plus cher l'an dernier si les industriels et les distributeurs n'avaient pas "écrasé" leurs marges, a estimé jeudi auprès de l'AFP le président de l'observatoire officiel des prix des produits alimentaires . "On constate que les deux maillons de l'industrie et de la distribution ont amorti en partie le choc" inflationniste en 2022, a déclaré à l'AFP Philippe Chalmin, le président de l'Observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires (OFPM) en amont de la présentation du rapport annuel de cette instance, jeudi au ministère de l'Agriculture.
C'est-à-dire que les industriels et les enseignes de supermarché n'ont pas répercuté auprès de leurs clients l'intégralité de l'inflation qu'ils ont eux-mêmes subie et ont donc "écrasé" leurs marges pendant cette période.
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Le prix a augmenté d'environ 11% pour le consommateur
Selon une note de conjoncture de l'Insee, publiée le 15 juin, les prix auxquels les agriculteurs vendent leur production (hors fruits et légumes) se sont accrus de 23% en 2022 sur un an. En parallèle, les prix de vente des industriels et ceux des distributeurs ont augmenté dans une moindre mesure, respectivement de 16 et 7% (hors produits frais). L'observatoire analyse les prix de vente à la sortie des fermes, des usines de l'agroalimentaire et des supermarchés. Et se penche plus particulièrement sur les produits "basiques", peu transformés (pain, steak haché, beurre, nouilles...).
Ce sont, explique Philippe Chalmin, "des produits symboles sur lesquels la concurrence a joué de manière très forte, chacun se regardant" pour ne pas proposer un prix qui ferait se précipiter le consommateur vers l'enseigne d'à côté. Concernant le steak haché par exemple, Philippe Chalmin observe que le prix a augmenté d'environ 11% "seulement" pour le consommateur, alors le coût de la vache à l'entrée de l'abattoir a bondi de quasiment 33%.
"Une reconstitution marquée des marges"
L'écrasement des marges ne semble toutefois pas généralisé. Les modélisations de l'Insee suggèrent en effet "une reconstitution marquée des marges" des industries agroalimentaires à partir du deuxième trimestre 2022, alors que 2021 avait été marquée par une "compression" de ces marges. Le taux de marge de la branche s'est ainsi "nettement redressé au fil de l'année 2022". La question des marges des entreprises est devenue centrale ces derniers mois, tant pour les consommateurs, dont le pouvoir d'achat a considérablement rétréci avec l'inflation, que pour le ministère de l'Economie, qui a appelé à plusieurs reprises à faire toute la lumière sur les profits des différents acteurs de la chaîne alimentaire.
Ce qui a "surpris" Philippe Chalmin, c'est que la forte augmentation de leurs prix de vente n'a pas entraîné d'"amélioration extraordinaire" pour les agriculteurs, dont certains ne couvrent toujours pas leurs coûts de production, en particulier les éleveurs de bovins pour la viande. Depuis la création de l'observatoire en 2010, ces derniers "n'ont jamais couvert la réalité de leurs coûts de production", à l'inverse des céréaliers, des producteurs de porc ou de lait pour qui "il y a des bonnes et des mauvaises années".