C'est un géant mondial devenu indispensable pour de nombreux commerçants français. Alors que les commerces non-essentiels attendent impatiemment de pouvoir rouvrir à une poignée de semaines avant Noël, Amazon se porte bien. Et pour cause, le site marchand peut continuer de vendre tous ses produits aux Français, même ceux dont les boutiques sont fermées à cause du reconfinement. Et s'il serait simple de tirer un constat de concurrence déloyale entre les deux, la réalité semble plus nuancée, puisque pas moins de 11.000 entreprises françaises vendent aussi à travers le marketplace du géant tout droit venu de l'autre côté de l'océan Atlantique.
Entre 10% et 20% du chiffre d'affaires
Canal de distribution indispensable pour les PME et les TPE contactées par Europe 1, Amazon représente entre 10% et 20% du chiffre d'affaires de ces entreprises. Toutes tailles confondues, les entreprises qui passent par le géant réalisent 35.000 euros de ventes par an, en moyenne. "C'est une vitrine monumentale qui nous a rajouté du jour au lendemain 15% de chiffre d'affaires", confirme Samuel, créateur de bougies qui vend sur Amazon depuis trois ans. Ses produits sont vendus et expédiés par le site, où beaucoup de clients ont déjà un compte. Alors forcément la transaction est plus simple que sur le site de l'entrepreneur.
"Vous allez sur Amazon, vous tombez sur une bougie de notre marque, vous cliquez sur acheter et vous êtes livrés le lendemain. Ça vous a pris 20 secondes ! Pour acheter le même produit sur notre site, cela vous prend au moins trois minutes", avoue Samuel.
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"Sur un produit vendu 7 euros, Amazon va prendre quasiment la moitié"
Mais ce service n'est pas gratuit, loin de là. Il coûte 40 euros par mois. Mais surtout Amazon prend, en sus, une commission sur chaque vente. Cette dernière varie de 5% à 15% en fonction des produits. Malgré tout, cela reste rentable d'après les calculs de Nicolas, dirigeant de Chabiothé, un vendeur de thé qui a tout misé sur l'entreprise de Jeff Bezos. "Sur un produit vendu 7 euros, Amazon va prendre quasiment la moitié pour les frais de transports et la commission. Donc pour moi, Amazon ou la distribution type grande surface, c'est très similaire."
" On ne discute pas, les fournisseurs ne sont pas traités du tout "
Confiant, Nicolas a même décidé de mettre tous ces œufs dans le même panier en misant quasi uniquement sur ses ventes en ligne. Elles lui rapportent les trois-quarts de son chiffre d'affaires. Une dépendance que Gérard, libraire, juge très dangereuse. Pourtant, lui aussi s'est mis à vendre sur Amazon. "C'est un rouleau compresseur", témoigne-t-il au micro d'Europe 1. "Il y a trois ans, la commission était de 10% seulement. Aujourd'hui, elle est passée à 15% après une décision prise de manière unilatérale. C'est eux qui imposent les règles, 100% des règles. On ne discute pas, les fournisseurs ne sont pas traités du tout. On est des objets, on est remplaçable... Disons que je fais avec."
Sans compter que les commerçants doivent aussi accepter de céder leur fichier client et celui de leurs meilleures ventes. Des données précieuses qu'Amazon est d'ailleurs accusé d'exploiter en recréant ces mêmes produits sous sa propre marque.
Certains choisissent une autre voie
Pour vendre ses produits sur le site, il faut donc accepter un certain nombre de règles, dont la première est de ne pas avoir voix au chapitre. Une situation que certains refusent purement et simplement. Mais pas question pour autant de se priver de la vitrine et de la force de frappe que peut représenter internet. Alors à Cognac, la municipalité a décidé d'offrir à ses commerçants un site internet. "Chacun d'entre eux à une page avec le nom de sa boutique", explique au micro d'Europe 1 Sébastien Garnier, le manager de commerce de la ville.
Une quarantaine de commerçants, de l'alimentation au prêt à porter, en passant par la déco, la beauté et les jouets, ont adhérer à ce projet qui a coûté 60.000 euros. Parmi eux, Sandra, gérante d'une boutique de jouets qui a mis en ligne ses 600 articles sur le site acheteràcognac.fr.
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"Si ça continue le mois de novembre ne va pas être catastrophique"
Et en plein reconfinement, sa vitrine en ligne a pris des allures de planche de salut. "On doit être à 50% du chiffre d'affaires qu'on aurait dû faire" en temps normal, souffle-t-elle au micro d'Europe 1. "Si ça continue sur la même lignée, grâce à ce site le mois de novembre ne va pas être catastrophique et j'ose espérer que ce sera pareil pour le mois de décembre."
En tout cas, les clients eux ont l'air satisfaits de l'initiative de la mairie. "J'ai trouvé des choses qui pouvaient être intéressantes", confirme Camille, qui venue récupérer sa commande devant le magasin de Sandra. "On essaye de faire vivre un peu nos petits commerçants".
De son côté, la mairie à la conviction qu'elle a mis sur pied un outil indispensable, même après la crise sanitaire. À l'échelle nationale, ce genre d'initiative se multiplient, qu'elles soient organisées par des municipalités ou par des commerces dans leur coin. Pour les accompagner, le gouvernement propose un chèque de 500 euros dédié à la numérisation de son activité. En 10 jours, le site clique-mon-commerce.gouv.fr a reçu 100.000 visites.