Les assemblées d'actionnaires commencent à devenir sourcilleuses avec les rémunérations des patrons. Après Renault, Alstom a vu ses actionnaires s'insurger : réunis en assemblée mardi, ces derniers ont émis un avis négatif sur la rémunération de Patrick Kron, ancien PDG du groupe industriel français. Alstom est désormais attendu au tournant, après le précédent Renault au cours duquel le constructeur automobile avait décidé de passer outre le vote des actionnaires, et provoqué une polémique.
Un bonus pour démantèlement qui passe mal. Patrick Kron s'est vu attribuer pour les douze mois qui viennent de passer à 1 million d'euros brut de rémunération fixe, 1,16 million d'euros brut de rémunération variable, ainsi qu'une "rémunération brute variable exceptionnelle" de 4,45 millions d'euros. C'est cette dernière enveloppe qui passe mal : le PDG de l'époque l'a touchée car il a mené à bien le démantèlement du groupe et le rachat de la branche énergie d'Alstom par General Electric (GE). Ce bonus pour avoir accompagné l'affaiblissement du groupe passe d'autant plus mal qu'Alstom a décidé de ne pas verser de dividende à ses actionnaires pour l'exercice 2015-2016, comme ce fut le cas en 2014-2015. Résultat : 62% des actionnaires ont voté contre cette résolution.
La direction étudie le dossier. Dans un communiqué publié dans la foulée, Alstom a dit avoir "pris acte de l'avis négatif exprimé par les actionnaires lors de l'assemblée générale concernant la septième résolution liée aux éléments de rémunération de M. Patrick Kron". "Le Conseil d'administration examinera les raisons de ce vote afin d'analyser les attentes exprimées par les actionnaires. Il se réunira dans un délai raisonnable lors d'une prochaine séance en vue de délibérer, après consultation du Comité de nominations et de rémunération, des suites éventuelles qu'il entend donner à ce sujet et publiera un communiqué en conséquence", a ajouté l'entreprise. Et cette dernière de rappeler que l'assemblée générale 2015 de l'entreprise avait émis un avis favorable à un tel bonus, à 87,18%.
Cette décision des actionnaires d'Alstom intervient après la polémique déclenchée début mai par la rémunération du PDG de Renault Carlos Ghosn, qui avait été également rejetée en assemblée générale. Le conseil d'administration de la marque au losange est toutefois passé outre le vote consultatif des actionnaires, provoquant une vive polémique. Le gouvernement avait alors menacé de rendre impératif le vote des actionnaires, obligeant les organisations patronales à revoir leur code de bonne conduite sur le salaire des dirigeants.