Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, a estimé dimanche que l'Etat, actionnaire d'Alstom à hauteur de 20%, avait "le devoir de sauver" le groupe ferroviaire et son site historique de Belfort, menacé de quasi-fermeture. "Il y a une responsabilité de l'Etat pour sauver le site d'Alstom et il faut qu'il s'y engage", a-t-il asséné dans l'émission Questions politiques sur France Inter-France Info-Le Monde.
La direction a annoncé son intention d'arrêter d'ici deux ans la production de trains à Belfort pour la transférer à Reichshoffen, en Alsace. Seule l'activité de maintenance serait maintenue dans le berceau historique du constructeur ferroviaire, où 400 emplois sur 480 sont menacés.
Commandes publiques. Laurent Berger dit craindre "un effet cascade" sur l'ensemble de la filière ferroviaire, pourtant "filière d'avenir" dans le cadre de la "transition écologique", selon lui. Pour le site de Belfort, "après 2022, il y aura de la production avec le TGV du futur. Entre temps, il faut des commandes, notamment via la RATP, la SNCF", a-t-il dit.
Faute de poursuivre l'activité à Belfort, "on se retrouvera dans 5 ans et on dira : 'mince on ne peut plus construire parce qu'on a mis en l'air l'outil industriel'", redoute le numéro un de la CFDT. "Je crains qu'un certain nombre de compétences (...) soient mises de côté et qu'un jour on se dise : 'on peut plus construire de locomotives ici, on va le faire ailleurs'", poursuit-il. Pour Laurent Berger, "ce serait une profonde erreur" et "c'est de la responsabilité de l'Etat de regarder ça en face".
Le PDG d'Alstom, Henri Poupart-Lafarge, participe lundi à un comité central d'entreprise consacré à Belfort, à la veille d'une journée de grève et d'un rassemblement de salariés. Le gouvernement a promis "des réponses" sur l'avenir du site d'ici "la fin du mois".