Sa réponse était attendue pour juillet, mais il n'a finalement fallu que quelques heures pour que l'Etat dévoile ses intentions à propos du sauvetage d'Areva. Comme pressenti, le gouvernement a donné sa préférence à un rapprochement avec EDF. L'électricien devrait donc prendre le contrôle de la branche Areva NP, en charge de la construction des réacteurs, tandis que l'Etat recapitaliserait ce qu'il resterait d'Areva "à la hauteur nécessaire".
EDF au secours d'Areva. "Sous réserve de la conclusion d'un accord de partenariat stratégique global avec Areva, EDF a vocation à devenir actionnaire majoritaire de la filiale commune Areva NP, qui rassemble les activités industrielles de construction de réacteurs, d'assemblage de combustible et de services à la base installée", a annoncé l'Elysée dans un communiqué. Toujours selon l'Elysée, Areva et EDF ont indiqué qu'ils finaliseraient les principes de ce projet "dans un délai d'un mois". "Dans ce cadre, l'Etat recapitalisera Areva, en investisseur avisé, à la hauteur nécessaire."
Areva n'est pas démantelé, mais... Le président de la République, après une réunion interministérielle sur le sujet mercredi matin, a donc décidé de ne pas démanteler Areva. Ainsi, si EDF devient actionnaire majoritaire de la branche Areva NP, Areva y conserverait "une participation stratégique avec un pacte d'actionnaires". En clair, Areva resterait actionnaire minoritaire de cette filière réacteur, et d'autres industriels pourront également entrer au capital. Sur le papier, Areva ne disparaît donc pas mais, dans les faits, EDF sera bien le maître à bord dans la construction de réacteurs. Le spécialiste du nucléaire garderait, lui, la main sur l'amont et l'aval de cette filière : l'extraction d'uranium et la fabrication de combustibles d'un côté, le traitement des déchets nucléaires de l'autre.
Comment le spécialiste français du nucléaire en est-il arrivé là ? Areva a accusé une perte nette d'environ 5 milliards d'euros en 2014. Un trou qui l’a obligé à annoncer un plan d'économies d'un milliard d'euros d'ici à 2017, synonyme de 3.000 à 4.000 suppressions de postes en France. Mais cette réduction des effectifs ne sera probablement pas suffisante pour remettre à flot Areva, qui risque donc de devoir céder certaines de ses activités et/ou accueillir de nouveaux actionnaires.
Vers une entité à plusieurs têtes. EDF n’était pas le seul acteur intéressé par les actifs d’Areva. Engie, le nouveau nom de GDF-Suez, n’avait pas caché qu’il était intéressé pour racheter les services de maintenance nucléaire à l'international. Sans oublier l’appétit de nouveaux acteurs dans le secteur du nucléaire civil : les groupes d'électricité China National Nuclear Corporation (CNNC) et China General Nuclear (CGN) se sont dits prêts à prendre jusqu'à 10% du capital d'Areva NP, une fois racheté par EDF.
L'emploi, la priorité des syndicats. Maintenant que les contours du futur Areva se dessinent, les délégués syndicaux vont se concentrer sur le plan d'économie qui se profile. "C'est la fin d'une période d'incertitude insupportable pour les salariés", a affirmé Christophe Laisné, coordinateur Unsa Spaen, avant de préciser que les syndicats seraient reçus "sous un mois" par le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, pour connaître "la fin des négociations". Objectif affiché : "réorienter le rouleau compresseur social" des 3.000 à 4.000 suppressions d'emplois prévues par Areva dans l'Hexagone.