Si les difficultés d'Areva ne sont un secret pour personne en 2016, trois ans plus tôt, il n'en était rien. C'est à ce moment-là que le géant du nucléaire lance un fonds commun de placement auquel les salariés sont invités à participer. Et pour faire valoir le bien fondé de cet investissement, la direction aurait présenté un bilan financier plus positif que ce qu'il en était vraiment. La justice a été saisie pour démêler l'affaire, révèle Le Parisien lundi.
Un fonds de 29 millions d'euros. De Cherbourg, dans la Manche, au Creusot en Saône-et-Loire, plus de 14.600 personnes se sont lancées dans l'aventure de l'actionnariat en 2013, soit près d'un tiers des effectifs de l'époque. Les investissements de 30 à 30.000 euros représentent 29 millions d'euros. Si certains étaient attirés par la perspective financière, beaucoup souhaitaient participer au futur développement de leur entreprise. "Je me suis dit que c'était bien d'accompagner cette société dans laquelle je travaillais depuis trente ans !", raconte un ancien responsable qualité également interrogé par Le Parisien.
Mais fin 2014, Areva annonce la suspension de ses objectifs, notamment à cause du retard du chantier de l'EPR finlandais. Le cours de l'action dégringole et les salariés devenus actionnaires se sentent floués. Certaines actions ont perdu plus de la moitié de leur valeur depuis ce moment-là.
Un nombre de plaintes grandissant. Fin 2015, CFE-CGC dépose une plainte pour délit de fausse information et tromperie. Depuis le lancement de l'enquête, le nombre de plaignants augmente pour atteindre près de 300 salariés, anciens salariés ou retraités, d'après Cyril Cambon, l'avocat qui centralise toutes les plaintes individuelles, calquées sur celles du syndicat.
La direction d'Areva assure s'être "toujours conformée aux obligations légales en terme de communication financière." "Les salariés ont été informés qu'il existait un risque de perte en capital inhérent à tout achat et à la détention d'actions", ajoute-t-elle. Elle a néanmoins confirmé faire l'objet d'une enquête préliminaire auprès du parquet financier.