Le PDG du géant français Vinci, particulièrement visé par des politiques ainsi que le mouvement des "gilets jaunes" pour ses bénéfices attribués à la privatisation des autoroutes dans les années 2000, a regretté mercredi un "délire" et du "n'importe quoi". "Chacun y va sur son petit couplet et (dit) absolument n'importe quoi", a déclaré Xavier Huillard à l'occasion de la présentation des résultats annuels du groupe, évoquant un "nouveau délire" alors que plusieurs sénateurs ont cité la veille le cas de Vinci pour rejeter la privatisation d'Aéroports de Paris (groupe ADP).
Un "désastre financier". Le Sénat s'est opposé dans la nuit de mardi à mercredi à la vente par l'Etat d'ADP, droite et gauche invoquant des arguments économiques, tout autant que des questions de souveraineté ou de sécurité. À gauche, le socialiste Martial Bourquin a explicitement visé Vinci, qui ne cache pas son intérêt pour ADP et qui a fait partie des groupes ayant acquis l'exploitation d'autoroutes lors de la privatisation des années 2000. Martial Bourguin a évoqué un "désastre financier", faisant plus largement écho à des revendications récurrentes du mouvement des "gilets jaunes" depuis la fin de l'année dernière.
Une privatisation critiquée par les "gilets jaunes". Plusieurs représentants du mouvement estiment que l'Etat a réalisé une mauvaise affaire en vendant à des acteurs privés les concessions d'autoroutes, celles-ci ayant fait nettement progresser leurs revenus sur ces activités. Vinci avait contribué à relancer ces attaques en décembre, envisageant brièvement de demander la régularisation des péages passés gratuitement à la suite du mouvement, suscitant là aussi l'opposition de responsables politiques, y compris dans la majorité.
Une concession limitée dans le temps. "Ces autoroutes, nous les avons payées", a insisté mercredi Xavier Huillard, estimant que les critiques sur ces revenus ne prenaient pas en compte le fait que les concessions aient une durée limitée. "Nous avons acheté cher quelque chose qui a une durée de vie limitée", a-t-il ajouté. "Il n'y a qu'à la fin de la cession que nous saurons si nous avons vraiment gagné de l'argent."
Le groupe a annoncé mercredi des résultats marqués par une nette baisse des revenus dans les autoroutes au dernier trimestre mais une légère hausse sur l'ensemble de l'année dernière. À l'échelle du groupe, le bénéfice net annuel a crû de 8,6% à près de trois milliards d'euros, sur un chiffre d'affaires de 43,5 milliards d'euros (+8,1%).