Onze ans plus tard, Mercedes-Benz est de retour au sommet. Le constructeur automobile allemand a ravi en 2016 la couronne de roi du haut de gamme à son compatriote BMW, qui l'avait supplanté en 2005, grâce à une gamme de modèles rajeunie et à son essor en Chine. La marque à l'étoile, propriété du groupe Daimler, s'était promise de revenir au firmament du segment haut de gamme d'ici 2020, une ambition finalement réalisée avec quatre ans d'avance, selon les chiffres publiés lundi par les champions du premium, tous trois allemands.
Mercedes d'une courte tête. Mercedes-Benz a vendu l'an passé environ 2,084 millions de véhicules, soit une hausse de 11,3% sur un an. La marque munichoise BMW a fait un peu moins bien en écoulant 2,003 millions de voitures, ce qui représente toutefois une hausse de 5,2% par rapport à 2015. Audi, propriété du groupe Volkswagen, garde la médaille de bronze avec 1,87 million de voitures écoulées, soit +3,8% sur un an. Le constructeur d'Ingolstadt a rencontré "de forts vents contraires dans de nombreux marchés importants", a indiqué son directeur des ventes Dietmar Voggenreiter, alors que la marque aux anneaux a été éclaboussée par la tricherie du groupe Volkswagen sur les moteurs diesel.
Une forte croissance depuis trois ans. "Depuis 2013, Mercedes-Benz enregistre une croissance à deux chiffres. C'est désormais la première marque premium en terme de ventes", s'est réjoui Ola Källenius, directeur des ventes de voitures de Daimler l'an passé, cité dans un communiqué. Le groupe de Stuttgart ne cache pas sa satisfaction, après avoir connu une période creuse pendant laquelle son patron Dieter Zetsche a été soumis à une forte pression de la part des investisseurs. Les médias, un temps peu amènes, dressent désormais des portraits flatteurs de celui qui est surnommé "Dr. Z". BMW affirme de son côté être toujours numéro un du premium... en intégrant dans le calcul les autres marques du groupe BMW, à savoir Mini et Rolls-Royce. "Le volume joue évidemment un rôle moteur pour nous", a déclaré en marge du salon de l'automobile de Detroit Ian Robertson, directeur des ventes, tout en soulignant ne pas vouloir sacrifier la rentabilité (une marge comprise entre 8 et 10%) sur l'autel de la course au plus grand chiffre de ventes.
Une réorientation payante. Le succès de la marque à l'étoile est le fruit de la réorientation stratégique de Mercedes-Benz. Le constructeur "a tiré profit d'un portefeuille de produits très jeune, c'est-à-dire avec beaucoup de nouveaux modèles, et a réussi à mettre derrière lui les erreurs du passé", analyse l'expert automobile Stefan Bratzel. Mercedes a donné un coup de jeune à un design parfois jugé trop peu imaginatif et a surtout étendu sa gamme en mettant notamment l'accent sur les 4x4 citadins. Les ventes de SUV de Daimler, du petit GLA au grand GLS, ont ainsi augmenté de plus de 30% en un an, à plus de 700.000 unités.
Le constructeur a par ailleurs étoffé son offre dans les modèles compacts, les rendant plus accessibles en terme de prix, ce qui lui a permis d'atteindre une nouvelle clientèle.
Retour en force sur le marché chinois. "Le marché chinois a également joué un rôle important dans son succès", relève Stefan Bratzel, directeur de l'institut de l'automobile CAM. Daimler a réussi à rectifier le tir en Chine, où il a réorganisé sa distribution et proposé des modèles plus au goût des clients. Sur ce marché clé, premier débouché pour elle comme pour ses deux principaux concurrents, Mercedes a appuyé sur l'accélérateur et enregistré un bond de 27% de ses ventes en 2016, rattrapant son retard face à Audi et BMW sans toutefois les rattraper.
En Europe, où elle a écoulé plus de 4 voitures sur 10, la marque a su séduire grâce à sa nouvelle Classe E et à ses SUV. Sur son marché national, l'Allemagne, elle a enregistré une progression de plus de 7%. Aux Etats-Unis en revanche, elle a perdu du terrain sur un an (-0,8%). Pour Stefan Bratzel, le constructeur de Stuttgart pourra compter sur ses bons fondamentaux pour rester tout en haut du podium en 2017.