Beurre : la fin de la crise est-elle proche ?

Le manque de beurre est variable selon les supermarchés.
Le manque de beurre est variable selon les supermarchés. © LOIC VENANCE / AFP
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Thibaud Le Meneec
Les manques constatés depuis plusieurs semaines dans les supermarchés devraient encore perdurer, même si la situation s’améliore lentement.

L’image vous a peut-être frappé depuis quelques semaines : des rayonnages presque vides, de nombreuses marques tout simplement absentes et, souvent, un petit mot du distributeur pour expliquer la situation. Une crise causée par une guerre des prix entre les producteurs et les distributeurs, laissant penser que le beurre viendrait bientôt à manquer pour les 94% de foyers français qui en consomment. "Il n’y a pas de pénurie à proprement parler", a toutefois voulu tempérer le ministre de l’Agriculture Stéphane Travert, mardi, sur RTL.

"La crainte de la pénurie crée la pénurie". Dans les faits, selon des chiffres du cabinet Nielsen, on observe pourtant une hausse du nombre de situations où le beurre a été en rupture dans les rayons : 30% sur la semaine du 16 au 22 octobre, contre 15% sur la semaine du 25 septembre au 1er octobre et seulement 4% début août.

Cela s’explique d’abord par une hausse de la demande : "Les risques de pénurie relayés dans les médias ont entraîné une forte accélération des ventes, qui s’explique notamment par la volonté de stockage des consommateurs", décrypte l’étude de Nielsen. Sur la semaine du 16 au 22 octobre, on constate en effet une hausse de la demande de 19% par rapport à la même semaine l’année dernière. "La crainte de la pénurie crée la pénurie", résume quant à lui le ministre de l’Agriculture, qui a comparé ce comportement à celui observé lors de rumeurs sur la raréfaction des carburants, quand tout le monde se précipite dans les stations-service pour faire le plein.

Un accord signé entre les producteurs et plusieurs distributeurs. Plusieurs indices laissent cependant entrevoir une amélioration dans les semaines à venir. D’abord, les distributeurs importants que sont Super U, Intermarché et Auchan ont récemment accepté de payer le beurre qu’ils proposent aux clients entre 10 % et 15 % plus cher. "C’est plutôt de bon augure et j’appelle chacune et chacun à faire preuve de responsabilités", s’est réjoui Stéphane Travert, mardi. De quoi satisfaire les producteurs, jusqu’à présents mécontents du prix d’achat. Côté consommateurs, barquettes et autres mottes disponibles coûteront quelques centimes de plus dans les supermarchés.

Une production qui remonte. Une semaine plus tôt, le ministre de l’Agriculture le déclarait déjà sur Sud Radio : "Cette pénurie ne va pas durer. Nous avons une production laitière très importante, elle va remonter parce que nous arrivons dans la période automne-hiver." En effet, et c’est une autre raison de ne pas trop s’inquiéter, la production devrait remonter dans les semaines à venir. Les conditions climatiques pour les récoltes d'herbe en fin d'été et début d'automne ayant été meilleures qu'au printemps, les éleveurs producteurs laitiers devraient "normalement" avoir de meilleures réserves fourragères "pour nourrir leurs vaches et produire cet hiver", estimait la semaine dernière Dominique Chargé, président de la Fédération nationale des coopératives laitières (FNCL).

Les rayons pleins début 2018. Pour autant, le retour à une situation normale ne devrait pas intervenir de sitôt : la situation de quasi-pénurie de beurre dans certains endroits restera "difficile" "pour toute la période d'automne et de début d'hiver", prévient la FNCL. En clair, les rayons ne seront sans doute pas pleins avant les premières semaines de 2018, même si le cabinet spécialisé dans l’étude des matières premières Agritel se veut confiant : "Les consommateurs peuvent toutefois être rassurés, maintenant que les principaux volumes sont contractualisés pour la fin d'année, les prix du beurre sont déjà en baisse", assure à Boursier.com un membre de la structure. La fin de la crise est donc en vue.