Rouler la conscience tranquille, sans polluer… Ce rêve que caressent tous ceux dont la fibre écologiste vibre est encore loin d’être à portée de main. Mais des alternatives se développent. Et parmi elles, figure l’utilisation de biocarburants en lieu et place des combustibles fossiles classiques. La recette est connue depuis de nombreuses années. Pourtant, cette solution peine à décoller en France. Plusieurs raisons à cela : d’abord, tous les véhicules ne sont pas compatibles. Ensuite, les points de distribution restent rares. L'impact environnemental négatif (déforestations, émissions de gaz à effet de serre, etc.) est également souvent décrié par les associations écologistes. Enfin, et surtout, les automobilistes ne sont pas forcément bien informés sur les possibilités qu’ils ont de passer au biocarburant. Alors pouvez-vous rouler au biocarburant ? Europe 1 vous répond.
Retrouvez l'émission Circuits courts de vendredi, consacré à l’avenir de ces biocarburants (en partenariat avec L’Obs).
- Qu’est-ce qu’un biocarburant ?
Pour l’essence
Les biocarburants sont des carburants obtenus à partir de la biomasse, donc d’origine végétale ou animale. En France, les produits les plus utilisés sont la betterave et les céréales, mais aussi les résidus vinicoles. Les sucres contenus dans ces ressources sont transformés en alcool appelé éthanol ou bioéthanol, le biocarburant très majoritairement utilisé dans notre pays.
Ce bioéthanol est ensuite incorporé dans les essences commerciales. On en trouve ainsi jusqu’à 5% en volume dans le Sans plomb 95 ou le Sans plomb 98. La teneur peut grimper jusqu’à 10% dans le SP95-E10.
Il existe aussi un carburant contenant majoritairement du bioéthanol. Il s’agit de l’E85, qui peut en contenir entre 65% et 85%. Le reste est de l’énergie fossile classique.
Pour le gazole
Le gazole aussi a son biocarburant, obtenu à partir d’huiles végétales ou de graisses animales. Ces esters méthyliques d’acides gras (EMAG) sont déjà présents de manière banalisée dans le gazole commercial à hauteur de 8% maximum. Il existe un carburant nomméB30, dans lequel se trouvent 30% d’EMAG, mais il n’est pas commercialisé dans les stations service car incompatible avec l’immense majorité des véhicules diesel de particuliers en circulation. Les utilisateurs de ce carburant, le plus polluant, ne peuvent donc que se contenter de cette petite part de biocarburant.
- Votre véhicule peut-il être alimenté en biocarburant ?
En fait, vous utilisez déjà du biocarburant sans le savoir, puisque toutes les voitures essence en circulation peuvent rouler avec du SP95 et SP98, qui contiennent donc 5% de bioéthanol maximum. En revanche pour le SP95-E10 (10% du volume total), les voitures mises en circulation avant 2000 ne sont pas toutes compatibles. Vous pouvez retrouver la liste des automobiles compatibles ici.
Pour l’E85, c’est beaucoup plus compliqué. Les voitures dites Flex-Fuel, capables de rouler avec tous les carburants, restent encore extrêmement rares à l’achat. Ne vous risquez donc pas à mettre de l’E85 dans votre voiture, sous peine d’une mauvaise surprise.
Des boîtiers homologués pour rendre son moteur compatible. En revanche, il est possible d’installer des kits dans les moteurs pour les rendre compatibles au biocarburant. Ces boîtiers se positionnent sous le capot et permette d’adapter l’injection en fonction de la proportion d’éthanol comprise dans le carburant compris dans le réservoir. Jusqu’à récemment, tous ces boîtiers en vente n’offraient pas des garanties de fiabilité totale. Mais un arrêté du 15 décembre 2017 prévoit l’homologation de ces kits. Ceux qui ne passent pas le teste ne peuvent plus être vendus en France.
Toutefois, le coût de ces boîtiers reste un problème, puisqu’il vous en coûtera entre 500 et 1000 euros, hors pose. Mais les avantages sont non négligeables. D’abord, les cartes grises des véhicules compatibles E85 sont désormais gratuites. Ensuite, le carburant est très peu cher comparé à ses concurrents, de l’ordre de 90 centimes au litre. Enfin, l’E85 rejette près de 40% de moins de CO2 dans l’atmosphère.
Reste un problème, de taille. L’E85 est difficile à trouver. Un petit millier de stations service en propose en France, sur les quelque 11.000 que compte le pays. Pour rouler au biocarburant, il faut donc, en plus d’un investissement de départ, une sacrée dose de volonté.