Stations fermées, files d'attente qui s'allongent... Le blocage, dans le grand Ouest, de plusieurs raffineries et dépôts de carburants par des salariés opposés à la loi Travail, provoquait vendredi des difficultés d'approvisionnement et plusieurs préfectures ont pris des arrêtés limitant temporairement le volume de carburant pouvant être acheté.
Plusieurs stations-service à sec. Faute d'approvisionnement et confrontées à la panique de certains usagers qui se sont précipités à la pompe craignant une pénurie de carburant, de nombreuses stations-service se sont retrouvées à sec depuis jeudi et ont dû fermer. Face au spectre d'une pénurie d'essence, les pouvoirs publics ont décidé vendredi de prendre des mesures de rationnement, voire de déblocage par la force de certains dépôts de carburant, tandis que les syndicats votaient l'arrêt de production de certaines grosses raffineries, ajoutant à la confusion.
Appel au civisme. Les préfectures d'Ille-et-Vilaine, des Côtes-d'Armor, du Finistère, de l'Orne, de Loire-Atlantique, de Vendée ou encore de l'Eure ont ainsi pris vendredi des arrêtés limitant à 20 ou 30 litres le volume maximal de carburant pour les véhicules, et à 40 ou 150 litres pour les poids-lourds. Plusieurs préfectures ont également interdit le stockage de carburant dans des bidons, comme en Seine-Maritime et dans le Calvados, en appelant "au civisme et à la responsabilité de chacun". Jeudi soir, la préfecture de Seine-Maritime avait estimé à environ un tiers le nombre de stations en rupture de carburant, surtout du gazole, sur la petite centaine que compte le département. Dans l'Eure 20% des stations-service sont fermées. Dans la Manche, la préfecture annonçait vendredi 24 stations "en rupture totale" de carburant et 45 en "rupture partielle".
Mise à l'arrêt de deux raffineries Total. Dans la région du Havre, les accès menant à la plate-forme Total de Gonfreville-l'Orcher doivent être libérés vendredi mais la raffinerie va rester à l'arrêt en raison d'une grève du personnel, selon la CGT. L'autre grande raffinerie du secteur, celle d'Exxon Mobil, à Notre-Dame-de-Gravenchon, la troisième de France, est également bloquée depuis jeudi et va le rester, selon les syndicats réunis en assemblée générale. En Loire-Atlantique, une assemblée générale du personnel à la raffinerie Total de Donges, a voté vendredi après-midi la grève des installations pour une semaine. En Bretagne, un important dépôt de carburant situé à la périphérie de la ville, à Vern-sur-Seiche (Ille-et-Vilaine), et un autre situé sur le port de Lorient (Morbihan), tous deux bloqués depuis le milieu de semaine, ont été débloqués par les forces de l'ordre vendredi après-midi, a-t-on appris auprès des préfectures.
Des mesures pour permettre "la levée les blocages". "Les mouvements sociaux actuels ont créé une situation de tension sur l'approvisionnement en carburant des départements de la zone de défense et de sécurité Ouest. Les autorités préfectorales ont pris les moyens nécessaires afin de permettre le réapprovisionnement des stations-service et la levée des blocages des dépôts pétroliers", a expliqué dans un communiqué la préfecture de la zone de défense ouest, qui a autorisé la circulation des véhicules de transport de carburant ce weekend.
Près de Rouen, c'est un dépôt de carburant, le terminal Rubis de Grand-Quevilly, bloqué depuis mardi matin par les militants syndicaux, qui était en cours d'évacuation par les forces de l'ordre en fin d'après-midi. Dans le Nord de la France, où quatre dépôts étaient bloqués vendredi par une soixantaine de personnes, les préfectures du Pas-de-Calais et de la Somme ont aussi interdit la vente de carburant en bidon, tout en évoquant aussi "l'inquiétude de certains automobilistes qui anticipent le besoin de faire le plein de leur véhicule". Ailleurs comme dans le Puy-de-Dôme, malgré le blocage d'un dépôt de carburant Total à Cournon d'Auvergne (Puy-de-Dôme), la préfecture n'envisageait aucune mesure de rationnement.
"Pas de risque de pénurie". La plupart des préfectures insistaient par ailleurs sur l'absence d'un risque de pénurie à court terme, évoquant un "ralentissement" plutôt qu'une rupture des approvisionnements. Le secrétaire d'État chargé des Transports, Alain Vidalies, a lui aussi assuré vendredi matin qu'il n'y avait "pas de risque de pénurie à court terme".