Blocage des raffineries : "on demande qu'Emmanuel Macron ait du courage politique"

Damien Greffin, président de la FDSEA Île-de-France, espère instaurer un "rapport de force" avec le gouvernement.
Damien Greffin, président de la FDSEA Île-de-France, espère instaurer un "rapport de force" avec le gouvernement. © AFP
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avec Pauline Jacquot et AFP
Protestant contre l'importation massive d'huile de palme pour la fabrication de biocarburants, les agriculteurs de la FNSEA s'apprêtent à bloquer plusieurs raffineries et dépôts de carburants, à partir de lundi. 
INTERVIEW

"C'est un rapport de force que l'on souhaite instaurer avec le gouvernement", explique Damien Greffin, président de la FDSEA Île-de-France, invité d'Europe 1, dimanche soir. À partir de lundi, les agriculteurs de son syndicat vont bloquer plusieurs raffineries et une dizaine de dépôts de carburants pour protester contre l'importation massive d'huile de palme pour la fabrication de biocarburants. 

14 sites stratégiques. Sous le mot clé #SauvezLesAgri, la FNSEA appelle ses adhérents sur les réseaux sociaux à occuper 14 sites stratégiques, pour trois jours reconductibles. Outre la bioraffinerie en chantier de La Mède, dans les Bouches-du-Rhône, les agriculteurs visent les 4 raffineries de Total en activité en France: Gonfreville-l'Orcher, en Seine-Maritime, Grandpuits, en Seine-et-Marne, Donges, en Loire-Atlantique et Feyzin, dans le Rhône. Les 9 autres sites visés sont des dépôts de carburant à Dunkerque, dans le Nord, Grigny, dans l'Essonne, Coignières, dans les Yvelines, Gennevilliers, dans les Hauts-de-Seine, Vatry, dans la Marne, Strasbourg, Cournon, dans le Puy-de-Dôme, Lyon et Toulouse.

Si les protestants ont "en ligne de mire ces importations d'huile de palme", les raisons de leur colère sont multiples selon Damien Greffin. "On sort de huis mois de débat autour de la loi alimentation et agriculture, on on n'a eu de cesse d'instaurer des charges supplémentaires sur nos exploitations", détaille-t-il. "On est dans l'incompréhension face à ces décisions gouvernementales successives. C'était hier le Ceta, demain le Mercosur, aujourd'hui l'huile de palme..."

"Des denrées qui ne respectent pas les normes". Selon le responsable syndical, le but de la mobilisation est donc d'"expliquer au consommateur qu'il aurait intérêt à soutenir ce mouvement des agriculteurs, pour que, demain, il ait encore le choix de sa consommation. Qu'on ne subisse pas des importations de denrées qui ne respectent pas les normes que l'on voudrait avoir en France."

Lui-même agriculteur, Damien Greffin évoque l'évolution de son métier : "je ne pratique pas mon métier de la même manière aujourd'hui qu'il y a vingt ans... Les efforts de durabilité sont quotidiens pour les agriculteurs." Mais, selon lui, les pratiques de consommation ne suivent pas : "On fait consommer aux Français des OGM tous les jours, on leur fait consommer des produits qui ont eu une pratique avec du glyphosate à un moment donné, on leur fait consommer de la viande qui a été produite aux hormones... Alors qu'on interdit ces pratiques là en France !"

"On demande qu'Emmanuel Macron ait du courage politique par rapport à ça", conclut le président de la FDSEA. "On peut imposer des normes aux agriculteurs en France, mais il faut aussi les imposer aux produits qu'on est capable d'importer."

 

Quel impact pour les automobilistes ? 

A priori, les risques de pénurie de carburant sont très limités : la France compte 7 raffineries et 200 dépôts de carburant. Le blocage de 14 sites en France, même plusieurs jours, ne risque pas d'avoir de grandes conséquences pour les automobilistes. Le cas échéant, la France dispose en outre de réserves stratégiques qui correspondent à presque quatre mois de consommation.